Métier : Réalisateur, Producteur
Ville : 1050 Bruxelles
Province : Bruxelles-Capitale
Pays : Belgique
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Site web : Cliquez ici
Hubert Toint a commencé sa carrière de cinéaste en réalisant de nombreux films, dont le court métrage Trombone en coulisses qui a obtenu de nombreux prix internationaux.
En 1987 il fonde Saga Film qui, depuis lors, a produit et coproduit plus de 100 téléfilms, plus de 50 documentaires et pas loin aussi de 50 longs métrages parmi lesquels on peut citer : Marie de Marian Handwerker avec Marie Gillain, Le fils du requin d’Agnès Merlet (prix de la Critique Internationale au Festival de Venise 1993), The Commissioner de Georges Sluizer (sélectionné au Festival de Berlin 1998), Au-delà de Gibraltar de Mourad Boucif & Taylan Barman, Pas si grave de Bernard Rapp, Tout pour plaire de Cécile Telerman, les documentaires de Frédéric Sojcher Cinéastes à tout prix (Sélection Officielle au Festival de Cannes 2004) et de Hubert Sauper Le Cauchemar de Darwin (notamment Prix des Auteurs à la Mostra de Venise 2004 et Meilleur documentaire européen 2004), ou encore Lady Chatterley de Pascale Ferran (Prix Louis Delluc 2006 et 5 Césars 2007), Survivre avec les loups de Véra Belmont, Julia d’Erick Zonca (sélection officielle Berlin 2008), Masangeles de Beatriz Flores Silva, Within the Whirlwind de Marleen Gorris.
Plus récemment, on peut citer LE COCHON DE GAZA de Sylvain Estibal (César du Meilleur Premier Film 2011) 2 DAYS IN NEW YORK de Julie Delpy (Sélection Festival de Sundance 2012), JE SUIS UN SOLDAT de Laurent Larivière (Sélection Festival de Cannes Un Certain Regard 2015).
Il a aussi réalisé un long métrage MIRAGE D’AMOUR avec Marie Gillain et Jean-François Stévenin (2014).
Il a présidé plusieurs associations professionnelles, ainsi que CINERGIE.BE pendant plus de 12 ans. Il est actuellement responsable du site de promotion et d’information du cinéma européen CINEUROPA.ORG.
Il est également membre de plusieurs Académies de cinéma ainsi que d’associations internationales de producteurs.
J'étais amoureux de la fille du sculpteur
J'ai eu la grande chance de savoir, pratiquement dès l'âge de quinze ans, ce que je voulais faire. Mon adolescence s'est déroulée dans une grande liberté. Namur comptant un nombre particulièrement élevé d'écoles, j'ai le souvenir d'une espèce de foisonnement passionnant dû sans doute à cette situation singulière : on circulait beaucoup, on discutait, on s'amusait. Notamment, on allait beaucoup au cinéma. Le souvenir le plus ancien remonte à une après-midi où on nous avait donné congé pour je ne sais quelle raison. Toujours est-il qu'à quelques uns, nous avions décidé d'aller au cinéma voir un film enfants non admis. A la fois pour braver l'interdit et à la fois pour découvrir ce spectacle qu'on imaginait des plus excitant : il s'agissait d'un western, "comme on n'en avait encore jamais vu" ! Il s'agissait en fait de Il était une fois dans l'ouest de Sergio Leone. Ce qui m'avait ébloui, ce jour-là, c'était les amples mouvements de caméra , qui par-dessus les toits, venaient serrer les personnages jusqu'à ne plus en voir que les yeux... Un vrai langage. Sans parler du rapport de la musique d'Ennio Morricone à l'image. Et d' une phrase de dialogue dont je me souviendrai toute ma vie : "Je ne peux pas faire confiance à un homme qui porte à la fois des bretelles et une ceinture!". J'étais amoureux de la fille du sculpteur. Alors on discutait beaucoup d'art et de littérature, car on lisait beaucoup. De politique aussi : on manifestait contre le service militaire, contre les injustices du monde. On voulait donner un sens à sa vie. Un soir, je suis allé à la projection d'un film que je ne connaissais pas, à la Maison de la culture, parce que je savais que cette fille y serait. C'est ainsi que j'ai vu Mort à Venise de Visconti. Eblouissement. La question de la création artistique, la vie et la mort, j'ai trouvé ce film essentiel, il répondait à tant de mes aspirations, et pourtant, il avait été créé par un homme, pensé, construit... Le véritable déclic s'est fait quelques mois plus tard, peu de temps avant les examens. A ce moment de l'année, il y a toujours un moment de flottement entre la fin des cours et le début des examens : c'est l'occasion d'activités diverses. C'est ainsi qu'on nous a projeté un film dont l'auteur était au programme de l'année : Roméo et Juliette de Shakespeare, mis en scène au cinéma par Zeffirelli. Emerveillement absolu : la jeunesse des interprètes, la localisation dans une ville moyenâgeuse italienne, tout concourait à rendre ce texte théâtral vraisemblable. Je me souviens : la célèbre scène du premier baiser, dans le texte de Shakespeare, fait moins d'une page. Ce qui est vite expédié, pour coup de foudre. Dans le film, cette scène fait dix minutes. Je me suis dit : "C'est ça, le cinéma!" Le projectionniste, Edgar, était un copain. Il m'a appris que la copie restait deux jours sur place, avant d'être renvoyée. C'est ainsi que, le lendemain soir, Edgar et moi, nous nous sommes glissés dans la salle de projection déserte (la salle de gymnastique aménagée pour la circonstance) et que nous nous sommes payés, luxe inouï, une projection privée de Roméo et Juliette. C'était la veille de mon examen de mathématiques. Je ne sais plus comment s'est déroulé l'examen, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'à partir de ce jour-là, ce ne sont pas les mathématiques qui devinrent pour toujours l'objet de tous mes désirs.