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La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière

Publié le 28/09/2018 / Catégorie: Critique

La Femme la plus assassinée du monde, premier film belge original Netflix

Même si la réputation de Netflix n’est plus à faire, le géant du streaming continue son ascension en s’ouvrant de plus en plus au cinéma de genre et étranger. Première co-production entre Netflix et la Belgique, La Femme la plus assassinée du monde, film inspiré de l’histoire de l’actrice Paula Maxa, débarque sur tous les écrans et promet un moment… grisant !

Paris, 1932. Du haut de ses talons, Paula Maxa se promène dans les rues de la capitale. Un bonsoir furtif à un inconnu puis des bruits métalliques met en garde la jeune femme. En une seconde, elle se retrouve bouche béante, un poignard entre ses lèvres rouges. Si tout le monde s’attendait à une mort, personne n’a pu imaginer une telle violence…

Assassinée plus de dix mille fois sur scène, Paula Maxa a connu toutes les morts possibles. Flagellée, martyrisée, coupée en tranches, écrasée, ébouillantée, rien ne l’arrête quand il s’agit de jouer. L’actrice Marie-Thérèse Beau interprète le personnage de Paula au Grand Guignol, un théâtre parisien qui connaît des heures difficiles. L’obsession des spectateurs pour ses morts spectaculaires tient le théâtre à flot. Le directeur est prêt à tout pour garder son théâtre ouvert, vraiment à tout…

Si les spectateurs du Grand Guignol sont éblouis par les prestations de Marie-Thérèse Beau, les abonnés de Netflix seront encore plus surpris par l’interprétation d’Anna Mouglalis. L’actrice française interprète à merveille la femme à la fois rebelle et meurtrie par un lourd passé. Gestes prononcés, cris stridents et sang dégoulinant, toutes ces mises en scène sont exagérées pour le plaisir et la psychose de tous. Paula Maxa sait ce qu’elle vaut, tout comme Anna Mouglalis. De sa voix suave et envoûtante, l’actrice attire le public et laisse place au mystère, dévoilé au fur et à mesure du film. Anna Mouglalis ne fait qu’un avec ses personnages, ce qui laisse place à une réelle authenticité.

Si les acteurs et actrices français(e)s dominent au casting, les Belges sont eux aussi bien présents ! Eric Godon (Les Ardennes, Johnny Walker), Jean-Michel Balthazar (Hannah, La Fille Inconnue), Jean-Jacques Rausin (Je me tue à le dire, Ennemi Public) et Renaud Rutten (Les premiers, les derniers) représentent le plat pays. Jean-Michel Balthazar interprète le rôle de Paul, « l’ange gardien » de Paula. Un personnage profond qui partage une réelle complicité avec sa protégée. Ce qui laissera planer certaines questions et quelques doutes sur ses intentions… Si Jean-Michel Balthazar a donné de sa personne, il est tout de même regrettable de voir son collègue, Jean-Jacques Rausin, en « simple journaliste ». Un acteur aussi performeur que lui aurait mérité plus de deux répliques…

Franck Ribière, réalisateur français, n’hésite pas à donner le ton du film. Il s’abstient d’un étalonnage « traditionnel Netflix » et plonge directement le spectateur dans le Paris des années 30. Il n’est donc pas rare de jouer avec les paramètres de son écran de télévision ou d’ordinateur pour apercevoir qui se cache derrière un plan un peu trop sombre. En coulisses, les visages sont à peine éclairés par des ampoules, laissant les spots pour la scène de spectacle. Les décors, les costumes et les « effets spéciaux » permettent une immersion totale dans cet univers aussi fascinant que sanglant.

La Femme la plus assassinée au monde, co-produit par Netflix, Fontana et Belga Productions, s’était déjà dévoilé au public belge lors de la dernière édition du BIFFF. Le film est dès à présent disponible sur la plateforme de streaming Netflix.

                                                                                                                  Aurélie Bronckaers

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