Les Chats persans de Bahman Ghobadi
Bahman Ghobadi, cinéaste du Kurdistan iranien à qui nous devons Un temps pour l'ivresse des chevaux, Camera d'or au Festival de Cannes, en 2002, nous montre dans Les chats persans, son quatrième long métrage, comment résister, dans la clandestinité, au système totalitaire de la République islamique.
À leur sortie de prison, Ashkan et Negar, deux musiciens, s'acharnent à constituer un groupe de rock pour partir à Londres avec l'aide de Hamed, organisateur de concert qui survit aux marges de la loi. Il lui faut trouver des lieux de répétition, des passeports au marché noir et corrompre des fonctionnaires. D'où cette scène drôle et très belle, mais très stalinienne, lorsque Ashkan observe, à travers une porte entrouverte, l'interrogatoire de Nader par un commissaire du peuple iranien.
Le film circule, se faufile dans les rues de Téhéran avec la toute vitesse des motos, mais aussi dans les recoins de la ville, c'est-à-dire ses caves et sous-sols dans lesquels répètent les jeunes musiciens clandestins de l'underground. Ceux-ci vivent l'utopie collective d'une musique contrant la lourdeur ultra- réactionnaire du pouvoir.
Tourné sans autorisation ni budget, Les Chats persans offre un point de vue sur l'instabilité du monde, à travers du net et du flou, un grain d'images dû aux caméras de la technologie numérique qui sont en train, dans certains pays – on pense à la Chine de Jia Zhang-Ke et de Wang Bing – de devenir un outil de liberté.
Les Chats persans de Bahman Ghobadi, édité par Cinéart, diffusé par Twin Pics.