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Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman

Publié le 09/06/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD

Nostalgie de la lumière

Notre coup de cœur du mois ! Nostalgie de la lumière nous fait découvrir l'univers et ses liens avec les hommes de la planète Terre. Un film dans lequel les étoiles qui envoient la lumière depuis des milliers d'années-lumière s'enchevêtrent avec celles des os des disparus assassinés sous la dictature de Pinochet. Dans l'immense désert lunaire d'Atacama, au Chili, des astronomes, à l'aide de gigantesques télescopes, observent les galaxies. Des archéologues déterrent des momies précolombiennes, et des femmes guettent le sol en cherchant les restes de leurs proches. Ciel et terre se relient en étant littéralement connectés. Patricio Guzman, le réalisateur explique : « Lorsque j'ai pu observer que les étoiles étaient constituées de calcium, je ne pouvais pas le croire. Quand j'ai superposé des os humains sur un livre d'images du système solaire, les os et les astéroïdes avaient la même forme. On peut donc dire que ce sont les morceaux de corps qui flottent dans l'espace. C'est la clé du film. Le corps humain et les corps célestes : la matière du désert est la même matière dans tout le cosmos, constatent les astronomes. Le calcium de nos os est là depuis le Big Bang, depuis le commencement de l'univers.

Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman

L'une des observations qui nous enchante est formulée par l'astrophysicien Gaspard lorsqu'il nous signale que le présent n'existe pas, à travers une série d'évidences sur la vitesse de la lumière. Toutes nos expériences et conversations ont lieu dans le passé, même si ce n'est qu'à des millionièmes de secondes. Le signal met du temps à arriver. Il y a donc un décalage minime car la vitesse de la lumière est rapide. Celle de la lune est d'une minute, et celle du soleil de huit minutes ». Autrement dit, on ne voit pas les choses au moment même où on les voit. » Le seul présent qui pourrait exister, c'est ce qu'il y a dans mon esprit. Car c'est ce qui se rapproche le plus du présent absolu. Et encore… car lorsque je pense, le signal tarde à se déplacer entre mes sens. Il y a donc un décalage». Tout cela nous confirme dans l'idée que la grande force du cinéma est de se servir de la durée, d'éviter le piège d'une immédiateté qui n'existe pas, de lui préférer la créativité de l'imaginaire et la mémoire.

La nostalgie de la lumière est aussi surprenant et inclassable qu'une météorite. Le film rend hommage au temps, en passant de l'obscurité à la lumière. Mais c'est aussi un poème, une méditation sur la vie : « Ceux qui ont une mémoire peuvent vivre dans le fragile temps présent. Ceux qui n'en ont pas vivent nulle part ».

Bonus

Quatre petits films de Patricio Guzman sur le même sujet. L'un d'entre eux, Maria Teresa et la naine brune, nous explique une étrange histoire. L'astronome Maria Teresa Ruiz, à l'observatoire La Silla, dans le désert d'Atacama, a découvert la première naine brune progressant dans la galaxie. Surnommée Kelu I, (en langue indigène lever du jour) ou naine brune. Waahoo ! Keskeseksa ?
Dans notre galaxie, il y a 100 milliards d'étoiles, après l'explosion du Big Bang initial. La plupart se refroidissent et finissent par s'éteindre. Ce qui est intéressant pour les astrophysiciens est de rechercher une étoile ignorée jusqu'ici, de classer les signes. La naine brune est une agate unique et découverte il y a peu. La vie existe-t-elle ailleurs demande-t-on à MTR ? Sans doute, répond-t-elle, « une forme de vie simple, comme celle des bactéries ».
On nous parle aussi de José Maria, voyageur du ciel, des supernova au bord de l'agonie, et de l'immunité totale dont bénéficient les militaires chiliens adeptes de Pinochet.

Nostalgie de la lumière (Nostalgia de la Luz), un film de Patricio Guzman, édité par Cinéart diffusé par Twin Pics.