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Pandora d'Albert Lewin

Publié le 07/06/2012 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD

Pandora, la boîte de Pandore

Hormis les séries de Louis Feuillade, quelques films ont illuminé les surréalistes : Peter Ibbetson d'Henry Hathaway et Pandora and the flying Dutchman (Pandora) d'Albert Lewin. Celui-ci, après avoir réalisé Le portrait de Dorian Gray, réalise Pandora, un film très inspiré par les photographies de Man Ray et les peintures de De Chirico. Les éditions Montparnasse nous offrent une version restaurée de ce film mythique devenu. Pandora, réalisé en 1951, est l'un des plus beaux films d'Ava Gardner, aussi resplendissante que dans La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz et La croisée des destins de Georges Cukor.

Pandora d'Albert Lewin

Lewin ressuscite un mythe et une légende sur l'immortalité. Le mythe de Pandora (« tous les dons », en grec) est celle de la première femme qui ouvre, par curiosité, une boîte que Zeus lui avait interdit d'ouvrir. Mais la légende de l'immortalité et de ses périples est aussi celle du Hollandais volant, marin du 17e siècle, condamné à errer jusqu'à la fin des temps, sur la mer. Tous les sept ans, il peut toucher la terre ferme et peut-être rencontrer une femme qui, par amour, est prête à se sacrifier pour lui pour lui permettre de mourir comme tout le monde. Ce marin a tué sa femme qu'il soupçonnait d'infidélité.

Dans un petit port de pêche de la Costa Brava, en Catalogne, Pandora Reynolds, une belle jeune femme, est entourée d’une cour masculine d’Anglo-Saxons oisifs. Pandora découvre un bateau solitaire (l'une des très belles scènes du film), et découvre Hendrick Van der Zee, un Hollandais qui peint une toile sur l'allégorie de Pandora. Le mystérieux navigateur apprend que Pandora va épouser Stephan Cameron, un coureur automobile. La jalousie mène à tout. N'est-ce pas elle qui, plus que l'amour, refile des tensions au monde, exaspère le conflit entre Zeus et Prométhée ?

On pourrait vous parler de l'utilisation du Technicolor (Jack Cardiff qui a travaillé avec Michael Powell et Emeric Pressburger est à la caméra), de la confrontation du présent avec le passé, de l'onirisme, de l'héritage surréaliste autour de la beauté, et de l'amour fou dont André Breton a fait l'apologie, mais que dire d'autre sinon qu'il s'agit d'un film d'une incroyable richesse, une sorte de diamant de la nuit qui surgit de temps à autre.

La version des éditions Montparnasse a été restaurée par rapport à la précédente version disponible en DVD et le bonus nous apprend plein de choses sur le film.

(1) Pour les curieux, signalons :

1. Pandora est parfois appelée « Anesidora », c'est-à-dire celle qui fait sortir les présents des profondeurs. Pandora et sa boîte se trouvent dans l'Iliade (à partir du verset 527) d'Homère, le vieux barde. Celui-ci est devenu l'immortel dans l'Aleph, l'une des fictions de Jorge Luis Borges (in Folio/poche).

2. Le vaisseau fantôme est une légende dont Heinrich Heine a écrit une nouvelle en 1834. Ce conte a servi de thème au livret de Richard Wagner, et a inspiré de nombreux peintres (dont la version la plus célèbre est celle d'Albert Pinkham Ryder).

Pandora d'Albert Lewin, édité par Montparnasse, diffusé par Twin Pics.