Dans Shutterspeed, Jasper De Maeseneer nous raconte l’histoire de Cas, adolescent de 15 ans et modèle d’un professeur stagiaire amateur de photographie. Le film raconte l’entichement du premier envers le second et du déséquilibre de pouvoir qui en découle. Ce court métrage vaut tout d’abord le détour pour la finesse avec laquelle il dépeint le bourgeon de désir qui peut presque éclore entre un adulte et un adolescent en nous questionnant ainsi par rapport à la limite entre l’interdit et le tolérable. Le film a fait sa première mondiale à Palm Springs et a remporté le Prix du Public au Film Fest Gent avant d’être invité à Pink Screens cette année.
Shutterspeed de Jasper De Maeseneer
Publié le 19/11/2025 par Gauthier Godfirnon / Catégorie: Critique
Le film commence par un shooting photo où l’adolescent pose avec d’autres garçons de son âge. Les compliments du stagiaire lui laissent entrevoir un intérêt particulier envers sa personne. Entre rassurance et faux-semblant, la limite est fine quand il est question de reconnaissance et d’ambition. Les spectateurices seront peut-être pétri·e·s de doute face aux motivations du stagiaire semblant délibérément instiguer un intérêt charnel avec ses élèves. Tout semble conçu pour complexifier la relation soudainement si fusionnelle entre les deux personnages principaux et la teinter de nuances d’antagonisme. Le stagiaire semble désireux de se rapprocher d’un point de vue tant physique qu’émotionnel du garçon sans prendre la mesure de cette frontière ténue entre affection et sensualité, voire objectification malvenue. Le malaise et l’attrait du film résident dans la beauté de leur rapport quelque peu problématique et conflictuel. La jalousie de Cas déclenchera une revanche farouche et une violence inouïe. Shutterspeed désigne le temps pendant lequel l’obturateur de l’appareil photo reste ouvert, déterminant la durée pendant laquelle la lumière frappe l'exposition de l'image, métaphore parlante des thématiques du film.
