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Stuck de Stuart Gordon / Corbeau d’Argent - BIFFF 2008

Publié le 01/05/2008 par Matthieu Reynaert / Catégorie: Critique

Compétition internationale
affiche stuckRéalisateur en 1985 d’un classique du film Z, Re-Animator, Stuart Gordon était récemment revenu sur le devant de la scène grâce à la série télé “Masters of Horror”. Son nouvel opus pour le grand écran, Stuck (qui bat pavillon canadien), se présente a priori comme une variation sur le célèbre Misery de Stephen King. Une victime immobilisée et son bourreau. Mais là où le livre de King et son adaptation au cinéma exploraient les tourments de l’âme humaine, Gordon nous rappelle que le film de genre peut être un magnifique vecteur d’opinions (voire le Zombie de Romero et sa charge contre le consumérisme) et fait de son film un véritable brûlot contre l’égoïsme typiquement néo-capitaliste.

Explications : Brandi habite une banlieue un peu pourrie et travaille comme aide-soignante. Le soir où elle apprend qu’elle est en bonne place pour obtenir une importante promotion, voilà que Tom, un quadragénaire qui vient de se faire expulser et s’apprête à passer sa première nuit dehors, vient s’encastrer dans son pare-brise.

Terrorisée, Brandi choisit de ramener le malheureux chez elle et de le laisser mourir dans son garage. Mais, tout comme la misère du monde ne disparaît pas quand nous fermons les yeux ou donnons une obole à une O.N.G., le S.D.F. refuse d’en rester là ! Pire, il essaie de s’évader, au prix d’énormes souffrances (pour rappel, il est encastré dans un pare-brise !) À partir de là, c’est toute la société occidentale qui va manquer de sauver cet homme. Des voisins réfugiés qui ne veulent pas d’ennui avec la police à l’homosexuel sophistiqué du quartier, en passant par le dealer petit ami de Brandi, etc. La démonstration est simple et brillante, d’autant que Gordon peut se reposer sur deux comédiens principaux de talent : Mena Suvari (la lolita d'American Beauty) et Stephen Rea (nommé aux Oscars pour The Crying Game). Un peu plus d’ambition plastique aurait peut-être même permis au film de toucher une forme de virtuosité. Il reste un excellent divertissement saupoudré d’intelligence, et ça fait déjà bien plaisir.