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Elle l’a, Il l’a. Typh Barrow, D'une voix à l'autre

Publié le 26/01/2021 par Adèle Cohen / Catégorie: Critique

Les fictions ou documentaires consacrés aux artistes sont nombreux. Il faut bien dire que les créateurs et créatrices font bien souvent d’excellents sujets : personnalités hors normes, et pratiques plus que photogéniques pour la plupart. Peintres, sculpteur.e.s, danseurs.euses, musiciens.iennes donnent envie aux cinéastes du monde entier de se pencher sur leur travail. Le réalisateur Benoît Vlietinck, grand amateur du documentaire musical, a eu envie de suivre le travail quotidien de la chanteuse belge Typh Barrow et de lui tirer le portrait. Son documentaire vient d’être sélectionné en compétition officielle du FIPADOC, le Festival International Documentaire de Biarritz.

Elle l’a, Il l’a. Typh Barrow, D'une voix à l'autre

Dès le début de sa carrière, Benoît Vlietinck s’est initié à la musique en réalisant, pour la RTBF, le prestigieux Concours Reine Elisabeth ainsi que de nombreux opéras à La Monnaie pour la télévision. Mais ce fan de musique ne s’est pas cantonné au classique et a signé, au cours de sa carrière, des portraits d’artistes tels que Philippe Lafontaine, Maurane ou encore John Lennon et Pink Floyd qu’il n’a d’ailleurs pas hésité à auto-produire. En 2020, le documentariste décide d’attacher ses pas à ceux de l’interprète et compositrice bruxelloise Typh Barrow, et signe un portrait intitulé Typh Barrow, D'une voix à l'autre

Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de l’artiste, son surnom leur en dira déjà suffisamment long : "l'Amy Winehouse belge" (rien que ça !) D’ailleurs, sa bio officielle nous révèle que Typh(any) Baworowski a grandi en se faisant appeler « Monsieur » au téléphone, tant sa voix est grave et singulière. C’est dire… Mais la lecture de sa biographie nous apprend qu’elle aurait également pu se faire appeler « la Mozart belge de la chanson » ayant entrepris le piano à 5 ans et écrit sa première chanson à 12 ! Vous l’aurez compris, Typh Barrow est encensée et considérée comme un prodige musical. Et rien d’étonnant donc à ce que Benoît Vlietinck ait eu l’envie, durant une année entière, de documenter sa vie.

Le film l’accompagne à un moment particulier de sa carrière, celui de sa tournée et de la composition de son nouvel album "Aloha". La caméra l’accompagne dans des promenades en forêt, sur les scènes durant sa tournée, chez son manager, dans la salle de sport avec son coach sportif et au studio d’enregistrement. Car être une star de la soul, c’est un travail de tous les instants et c'est aussi ce que nous montre le film : une vie de marathonienne dans laquelle chaque détail compte. La jeune femme aux yeux d’un bleu surnaturel et aux tenues à fleurs se révèle ici dans toute sa force et ses incertitudes. Le film laisse la parole à sa nature plutôt spontanée, et nous offre des moments musicaux non seulement sur scène ou en enregistrement, mais également dans sa recherche du morceau là où encore, tout frais, il émergera ou restera dans un tiroir.

La scène dans laquelle la jeune artiste se rend chez son manager pour interpréter ses dernières compositions est sans aucun doute le point le plus intéressant dans ce qu’il révèle de fragilité et dans ce qu’il raconte du travail de création en général. Elle fait aussi émerger ce que l’on pressentait déjà tout au long du film, le pouvoir de son manager exerçant son ascendant sur cette femme plutôt solaire et sensible.

Un portrait classique mais honnête qui ravira totalement les fans et fera découvrir aux autres une artiste plus profonde qu’il n’y paraît.

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