Bayard d’or du meilleur court-métrage au FIFF, La Prova filme, avec une simplicité magnifique, la vie de Rosa et Peppe face au temps qui passe.
La Prova de Toni Isabella Valenzi
Les quelques films qui parviennent à produire un ravage en vous avec une telle puissance sont rares. La Prova est, en ce sens, un film puissant. Un film qui touche à ce que nous partageons de plus particulier, intime et tragique. C’est dans le sud de l’Italie que le réalisateur Toni Isabella Valenzi a décidé de poser sa caméra. Marquant une filiation entre le travail de la terre, le geste manuel, et le geste cinématographique, le réalisateur s’attarde à travers plusieurs plans fixes à dépeindre la vie d’un couple, laissant toute la beauté de leur geste déborder dans le cadre et leur complicité nous éblouir. Les paroles se font rares, mais les gestes qui naissent spontanément entre eux font barrage à l’inéluctable fin. Cette caméra, qui observe et s’efface en silence, suit le temps long que partagent Rosa et Peppe, un temps qui passe inexorablement dans un quotidien qui se répète, comme les images : même valeur de cadre, caméra posée aux mêmes endroits. Le réalisateur fait le portrait assez rare d’un couple acceptant l’inhérente tristesse du temps, célébrant les petits moments et ponctuant ce portrait par une vision de cinéma dépourvue de toute « ubérisation ».
Comme une partition alternant les silences et les plans fixes, La Prova est une succession d’agencements intimes virtuoses faite de temps vides et de hors champs. Toni Isabella Valenzi capte le quotidien de Rosa et Pepe comme la mort en action, c’est-à-dire, comme le cinéma.