Après un passage remarqué au festival d’Annecy, Mary Anning fait son avant-première au FIFF et débarque mi-octobre dans les salles belges. Un film d’animation en dessin animé destiné aux petit·es et grand·es paléontologues en herbe, et qui rend à cette Anglaise méconnue la place qui est la sienne dans l’histoire de la science et du vivant.
Mary Anning de Marcel Barelli

Pour Barelli, Mary Anning n’était pas une inconnue. Lui-même grand amateur de fossiles et de dinosaures depuis son enfance. En collaboration avec son fidèle producteur suisse Nicolas Burlet (Nadasdy Films) et avec Arnaud Demuynck (La Boîte… Productions), Barelli a choisi ce sujet de cœur pour son premier long métrage, après plus de dix ans de réalisations en format court.
“Ce qui m’a toujours frappé avec le personnage de Mary Anning, c’est à quel point elle est souvent utilisée comme ‘quota féminin’ dans les livres de paléontologie”, nous confiait le cinéaste en amont d’Annecy. “C’est une figure majeure, mais elle reste méconnue du grand public. Il y a des années, j’ai eu l’occasion de visiter son village natal et sa maison, aujourd’hui un musée consacré à sa vie et ses recherches. Il y a encore des collectionneurs de fossiles qui se promènent sur les plages de Lyme Regis, comme elle le faisait jadis. Deux cents ans après ses premières découvertes, il m’a semblé que ce pouvait être une belle histoire à partager avec de jeunes scientifiques en devenir.”
C’est par choix que Barelli se concentre sur la jeunesse de Mary Anning – par opposition à Ammonite, sorti en 2020, qui reprend l’histoire du personnage d’un point de vue plus adulte – et les années qui ont marqué un tournant dans la vie de la jeune femme. Et plus précisément sur la douzième année de Mary, année où elle fera à la fois sa première découverte majeure et où elle perdra son père, victime de la tuberculose. Une manière de placer ce récit à hauteur d’enfant, sans pour autant se défaire de l’énergie et de la résilience qui caractérisent Mary Anning, piégée dans une société dominée par l’Église et le patriarcat.
“En construisant mon projet, je me suis rendu compte qu’il y avait assez peu de jeunes héroïnes portées à l’écran. Hormis Anne Frank, il n’y a – à ma connaissance – aucun récit inspiré de faits réels mettant en scène ce type de personnage. Les enfants sont souvent les oubliés de l’Histoire. De nos jours, avec des figures comme Greta Thunberg, on voit les enfants entrer dans le débat public et dans la sphère politique. Raconter cette histoire presque anachronique d’une fille brimée pour son genre, son statut social, mais qui se bat pour sa liberté et pour la connaissance, cela m’a beaucoup inspiré, et j’espère que cela pourra en inspirer beaucoup aujourd’hui.”
Finement animé dans un style aux couleurs douces, infusé par la direction artistique et le graphisme de Marjolaine Perreten (La colline aux cailloux), Mary Anning est un film espiègle, qui se joue des carcans de la société d’hier pour représenter l’émancipation de l’enfance. Le tout, sur fond de musique punk rock déconcertante, mais tout à fait en adéquation avec la psychologie de l’effrontée Anning.
Un film engagé et engageant, qui remet au passage cette figure emblématique, mais peu connue dans l’esprit de jeunes amoureuses de fossiles, qui seront peut-être les découvreuses de demain.