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18° Celsius de Jeanne Clerbaux

Publié le 03/11/2025 par Thierry Zamparutti / Catégorie: Critique

Avec ce court métrage documentaire, film de fin d'études à l'IAD, présenté au festival Premières Lumières, sa réalisatrice, Jeanne Clerbaux, s'attaque à sa peur du temps qui passe. Ce tempus fugit appelle la notion de mémoire, de sa conservation, à différents niveaux, chez le particulier jusqu'à l'institutionnel.

18° Celsius de Jeanne Clerbaux

La réalisatrice avait trouvé en sa maman sa première complice pour relater sa vie dans un carnet intime, par année, depuis ses 7 ans. Aujourd'hui, jeune adulte, intimement liée à la conservation de ses récits pour elle-même, elle assume pleinement les flashs-back qui sont ainsi rendus possibles. Jeanne, dont on dit qu'elle a une très bonne mémoire, touche du doigt la fragilité de celle-ci et s'interroge sur son devenir, pas du tout à l'aise si ses carnets se retrouvaient dans une brocante un jour ou l'autre.

La brocante expose effectivement aux yeux de tous une multitude de choses qui seront dispersées aux quatre coins cardinaux. C'est avec une certaine inquiétude que Jeanne touche ces objets qu'on peut ainsi, de manière plus tangible, toucher, sentir, regarder. Se retrouver dans une caisse, sur le trottoir, une fin en soi, ou de soi ?

Autre lieu, autre âme et autre esprit, les Archives à Bruxelles. 31 km de couloirs de patrimoines en tous genres à une température constante de 18° Celsius, qui conservent lettres, objets, ... tout ce qui témoigne d'une vie, de relations, des faits, d'aventures diverses. Jeanne enquête. C'est ludique, c'est comme un escape game.

L'une ou l'autre maladresse ne retire en rien le côté touchant du film et on suit Jeanne avec intérêt parce qu'elle nous en apprend sur ce qui est notre lot à chacun : garder ou jeter nos souvenirs, ceux de notre famille.

L'enjeu mémoriel tend notre société en lui rappelant sans cesse qu'il faut se servir de l'Histoire pour ne pas commettre les mêmes erreurs et, pourtant, souvent, trop souvent, les leçons du passé s'oublient. Un patrimoine familial peut répondre également à beaucoup de questions que les générations futures se poseront éventuellement. Memento mori.

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