OVNIS Le Mystère belge de Bram Conjaerts et Maarten Bernaerts

Sur fond d’images d’archives, d’entretiens avec témoins, d’enquête de terrain et d’interventions d’anciens militaires, leur documentaire propose un triple voyage : dans le passé, afin de saisir l’ampleur et la singularité des apparitions d’objets volants triangulaires ; dans la mémoire collective, hantée par la peur et l’incompréhension ; et dans l’inconnu, car la nature de ces phénomènes reste encore aujourd’hui inexpliquée. Alternant entre rigueur factuelle et atmosphères énigmatiques, Ovnis : le mystère belge explore la fascination humaine pour le surnaturel, la quête de vérité, et l’univers fascinant des chasseurs de mystères. Plus, qu’un simple reportage, c’est un véritable parcours initiatique au bout du ciel belge.

En effet, le film va nous plonger à nouveau dans ce phénomène en faisant des interviews de la présentatrice bien connue qui était sur le terrain, des gendarmes, comme les visages de la SOBEPS, quelques figures militaires qui ont gravité autour de cette affaire qui, partant d’Eupen, a lancé une vague d’observations sur l’ensemble du pays. Cette dynamique très maîtrisée entre entretiens filmée avec une exigence comparable aux documentaires d’investigations et les images d’archives provoque une mise en abîme pour le spectateur non averti comme celui plus aguerri. Ce qui ajoute de la valeur pour un travail qui contribue à la libération autour d’un sujet qui a été si présent sur internet, et ici porté pour le grand écran.

L’investigation va prendre le temps de compléter les témoignages, les croiser, pour nous plonger dans cette fièvre qui a bouleversé toute une population entre 1989 et 1991. Le film va s’intéresser à deux événements majeurs : le phénomène de faisceaux lumineux à Eupen et la fameuse photo. On découvre assez vite l’ampleur que ces événements ont eue sur la population de l’époque, mais surtout sur les témoins qui ont repris la parole aujourd’hui. Cette ampleur est telle qu’il ne peut y avoir qu’une conviction complètement subjective que cela ne peut être expliqué.

Un autre élément qui participe à la mise en abîme, c’est la remise en scène. Les réalisateurs ont préféré remettre nos personnages en image aujourd’hui, avec leurs costumes et voitures d’époque pour traduire les paroles de la mémoire, comme pour les ancrer à nouveau dans le présent. Le rapport à la mémoire collective est en effet un moteur important agissant comme une pierre angulaire ou principe motivant la création du film. Ce qui n’aurait pas empêcher de l’actualiser avec une intervention plus sceptique et sociologique afin d’en comprendre aussi les envers d’un tel phénomène sur une population aussi conséquente que nous avons du mal à démentir les témoignages - qui n’en sont pas des preuves pour autant.

Ovnis Le Mystère belge réussit le pari d’allier documentaire et fascination collective, dans une mise en récit qui dépasse le simple registre de l’étrange. Conjaerts et Bernaerts ne cherchent ni à convaincre ni à ridiculiser, mais à donner de l’espace aux voix, aux silences, aux souvenirs flous, aux certitudes inébranlables comme aux doutes persistants. En replaçant les témoins au cœur de leur propre histoire, dans un jeu de reconstitution à la fois sobre et habité, le film travaille une matière rare : celle de la croyance intime.

En croisant témoignages sincères, mémoire populaire et enjeux de vérité, les réalisateurs livrent une œuvre humaine. Le mystère demeure, mais ce qui importe ici, c’est ce qu’il révèle de notre besoin de comprendre l’incompréhensible, de nommer l’indicible. Ovnis Le Mystère belge est moins une enquête sur le ciel que sur ceux qui le regardent, et une invitation à penser le phénomène OVNI non comme une réponse, mais comme une question qui, quarante ans plus tard, continue de hanter les esprits — et d’ouvrir les imaginaires.