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AKRAM d’Adrien Berlandi et Mickey Broothaerts

Publié le 14/07/2020 / Catégorie: Critique

Ce court-métrage porté par Adrien Berlandi et Mickey Broothaerts, deux réalisateurs de l’IAD, aborde la thématique migratoire à rebrousse-poil par touches subtiles d’humour et d’humanité.

AKRAM d’Adrien Berlandi et Mickey Broothaerts

À une allure frénétique et pressée, les pas d’Alexandre s'éparpillent dans toutes les pièces d’un petit appartement mal rangé pour mettre la main sur sa chemise de concert qu’il donne dans l’heure. La panique est au rendez-vous, les gags et maladresses aussi, butant sur toutes choses, exaspéré de ne pas trouver sa chemise. Les gestes se répètent comme le quotidien d’un homme désordonné. Mais les deux réalisateurs inversent là aussi le schéma classique de la dramaturgie en prêtant à leur protagoniste un objectif des plus futiles pour finalement glisser vers un registre beaucoup plus dramatique et universel. Alexandre part alors à la recherche de sa chemise, une quête qui le conduira dans un parc où les migrants attendent des hébergeurs volontaires. Au fil des séquences, le protagoniste prend conscience de l’absurdité de sa quête lorsqu’il voit sa chemise portée par un migrant. Le basculement opéré par les réalisateurs nous permet d’envisager le rapport à l’autre non plus sous le prisme du manque, mais de l’envisager sous le signe de l’ouverture et la découverte. Finalement, le film propose un écart et décale la question de l’autre, s’efforce de la penser à partir de soi, dans la prise de conscience de privilèges, de conforts. La quête banale réinvestit le terrain du politique dans une réflexion sur le partage des richesses.

Akram séduit par sa complexe simplicité et nous emmène dans une réflexion diffuse sur le rapport à l’autre et au fétichisme de la marchandise qui l’emporte sur l’humain. Un geste critique enrobé de cynisme où l’humanité se trouve là où on ne l’attendait pas.

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