Ce court-métrage de Bianca-Ioana Costin raconte l’histoire tragique de la fille de Maria, une femme d’origine roumaine. À travers des effets visuels poignants et une ambiance sonore immersive, il plonge le spectateur dans l’univers mental de cette mère dévastée par le rapt de son enfant par les institutions roumaines, exposant la souffrance et les blessures profondes encore vécues à ce jour.
Le Mythe de l’abandon de Bianca-Ioana Costin

Dans son documentaire, la réalisatrice brosse le portrait de Maria à travers le recueil de son témoignage. Elle raconte comment, à la suite d'une situation compliquée lors de la naissance de son enfant prématuré, celui-ci lui a été enlevé à l’hôpital et placé en orphelinat pour être adopté par des parents vivant à l’étranger, en l’occurrence des Français.
Les images de la nature, en contraste avec la dureté du propos, ajoutent une dimension spirituelle et réflexive au récit. Elles soulignent les regrets de Maria, qui se convainc elle-même qu'elle aurait aimé être une bonne mère, et amplifient la douleur de ne pas avoir pu s'occuper de son enfant.
Bien que les propos soient simples et directs, une véritable patte artistique se dégage dans la manière dont les images qui les illustrent sont capturées, tant au niveau de la photographie que de l’environnement sonore.
Le mythe de l'abandon se réfère à la croyance qu'une personne, généralement une mère, qui délaisse son enfant, que ce soit par choix ou négligence. Cette idée nourrit des stéréotypes et des jugements sur la responsabilité parentale, tout en mettant en lumière les impacts émotionnels et sociaux de l'absence ou de l'abandon. Alors que l'orphelinat lui avait annoncé la mort de sa fille en France, Maria a longtemps cru qu'elle était décédée. Aujourd'hui, elle se demande combien d'autres enfants ont été enlevés de la même manière que le sien, mais également combien de parents sont ignorants de leur véritable sort.
Ce documentaire réussit à toucher par sa sincérité et l’émotion qu’il dégage, notamment à travers le retournement de situation où la fille, longtemps crue morte, se révèle être en vie. Les retrouvailles entre la mère et l’enfant, portées par une réalisation délicate, apportent une dimension humaine forte à l’histoire. Le traitement onirique et les choix visuels, bien qu’efficaces, renforcent l’intensité émotionnelle sans toutefois en faire trop. Un film qui, sans être un chef-d'œuvre, reste profondément émouvant et bien maîtrisé dans son approche du sujet.