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Ce sacré Amédée de Louis Félix - Belfilm

Publié le 01/12/2011 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Sortie DVD

N’est pas Tati qui veut

Lorsque l’asbl Belfilm ne passe pas ses journées à réhabiliter les films belges tombés depuis longtemps dans l’oubli, elle s’occupe de ressortir des tiroirs les films français pour sa collection DVD Souvenir de France. Ainsi Ce sacré Amédée de Louis Félix trouve t-il sa place chez Belfilm. Mais aurait-il pu la trouver ailleurs ?

Ce sacré amedée de Louis FélixIl en faut pour tous les goûts, certes, et avec l’humour, on ne peut jamais juger de rien. La débilité peut faire éclater de rire certains quand d’autres auront envie de pleurer. Ce sacré Amédée peut donc être considéré comme une comédie populaire sans aucune prétention, tournée dans les années 50. « Louis Félix n’a d’autre prétention que de réaliser des films légers », peut-on lire sous la plume d’Edgard Balzer dans Le dictionnaire des films français pornographiques et érotiques. Si la phrase de Balzer n’étonne pas, le titre du livre dans lequel elle est publiée laisse sans voix. Un film érotique, Ce sacré Amédée ? Certes, on y voit plus d’une fois la cuisse galbée et l’épaule arrondie de la très sensuelle Françoise Fabian. Certes, l’héroïne se fait kidnapper deux fois par des affreux d’opérette qui en veulent à ses charmes, mais rien d’érotique dans cet enchaînement sans fin ni queue ni tête de gags gras nappés de sauce burlesque.

Amédée, pseudonyme du marquis de Chérisey, comique de ces fastes années, incarne ici Amédée, un grand échalas au pull rayé qui rêve de tenter sa chance dans le music-hall. Il se présente à point nommé chez Placard, un impresario qui vient d’être plaqué par sa vedette, la belle Elia Torti (Françoise Fabian donc). En route pour donner un récital à Cassis, Amédée se débat, durant la moitié du film, avec une voiture capricieuse donnant lieu à une série de scènes répétitives jugées comiques : pneu crevé, voiture qui part seule, explosion, refus de démarrer etc. Sur la route, notre jolie chanteuse, elle, a décidé de faire de l’auto-stop ( !!?), et c’est alors la rencontre entre la vedette et son remplaçant. Passons sur le prince oriental Kanaga qui décide d’enlever la belle, les chansons en duo au crépuscule, les repas de village improcvisés, et autres bizarreries poussives de ce scénario non dépourvu d’imagination ! Ça court dans tous les sens, ça se poursuit, ça se bouscule, et… ça nous essouffle. On ne peut s’empêcher de penser à Benny Hill alors qu’on aurait tellement aimé penser à Jacques Tati.


 

Heureusement, pour « Tati », il y a… les bonus !

Six sketches des aventures  Mam'zelle Souris de Paul Paviot – 1958

Luis Garcia-Gallo, publie, dans les années 50, des dessins humoristiques dans la presse française sous le pseudonyme de Coq (Gallo en espagnol signifie en effet Coq). Il travaille essentiellement dans deux journaux : le quotidien Paris-Presse l'Intransigeant et l'hebdomadaire Jours de France. 

Son principal succès sera le personnage de Mam'zelle Souris, joli brin de fille mise en scène dans des strips sans dialogues. 

Dans les années 60, Coq poursuit dans cette veine en créant Nanette pour Jours de France où il reprend même des gags de Mam'zelle Souris qu'il redessine.

Paul Paviot décide, en 1958, d'adapter la série dans de petites capsules de 2 à 3 minutes. Au total 16 sketches seront tournés avec, dans le rôle principal, Annie Fratellini. Six de ces sketches sont repris dans ces bonus :  “Les filets”, “Le tas de sable”, “L’athlète et le dandy”, “Photomanie”, “L’os et le chien”, “Les jumelles”. On ne peut s'empêcher de penser aux Vacances de Monsieur Hulot de Tati, sorti 5 ans auparavant : même lieu (une ville du bord de mer), même période (les vacances d'été), même parti-pris stylistique (des gags sans dialogues), même ambition (une évocation humoristique des loisirs populaires). Le personnage de Mam'zelle Souris est, comme son nom l'indique, une charmante jeune femme convoitée par les hommes. Toujours accompagnée de sa petite chienne, elle  fait la nique à ses pseudo séducteurs tournés en ridicule. Un rythme enlevé, des gags aux cordeaux, un trait incisif et des situations irrésistibles.


Ce sacré Amédée - 1955 - 85' - noir et blanc

Réalisation, adaptation et dialogues de Louis Félix- Scénario de Gilles Siry - Co-adaptation et co-dialoguiste : Lola Kohn - Directeurs de la photographie : Robert Batton et Jean Collomb -Musique de Daniel White

Avec : Amédée, Jacques Dufilho, Françoise Fabian, Pierre Tornade, Philippe Dumat, Max Montavon, Moustache…

 

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