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D’Office de David Leclercq

Publié le 29/04/2019 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Brazil Revisited

Dans un bureau terne, à longueur de journées, un vieux fonctionnaire introduit inlassablement des nombres, des nombres et encore des nombres dans son ordinateur. Il est vieux, conformiste et procédurier, obéissant aux règles sans broncher, par habitude, sans se poser la moindre question. Après tant d’années assis à la même place, sa fantaisie est pensionnaire au Père Lachaise et il marche comme s’il allait se disloquer à chaque pas. Il s’active à son pénible train-train jusqu’au jour où un jeune homme vient tout chambouler. Le petit nouveau qui vient l’assister est fantasque, coloré, joyeux, maladroit, enthousiaste et un peu fou-fou.

D’Office de David Leclercq

Tout les sépare : l’âge, le style, le rythme. Ils obéissent aux ordres d’un patron anonyme, qui n’est plus qu’un parlophone aboyant des consignes et qui les tient à l’œil. Big Brother is watching you! Le désordre ne peut être toléré dans l’entreprise. Il y a un rendement à respecter, des routines à observer et des formulaires à remplir !

Mais la fantaisie de la nouvelle recrue, qui se manifeste dans son talent pour transformer le moindre objet en arme dangereuse et contondante, risque bien de venir mettre le bazar dans cet endroit sinistre et bien rangé. Une terrible animosité naît immédiatement entre les deux collègues, l’un déterminé à prouver sa valeur, l’autre craignant d’être remplacé pour cause d’obsolescence. Contraints de travailler ensemble, ils ne vont pas se faire de cadeaux et c’est un vrai combat de chiens sans pitié dans un monde civilisé qui débute… Jusqu’au moment où la fantaisie de l’un, satanée maladie contagieuse, va contaminer tout l’étage et ramener l’autre dans le monde des vivants.

Cette variation sur les thèmes développés par Terry Gilliam dans sa filmographie (Brazil en particulier) rend hommage à l’univers du « Weirdest Python » par son incroyable inventivité visuelle. Slapstick, humour absurde et visuel, tortures physiques douloureuses, objets familiers détournés de leurs usages habituels, accessoires farfelus sortis tout droit de l’imagination d’un Gaston Lagaffe, absence de langage… On se croirait dans une adaptation de 1984 revue par Louis De Funès. Hilarant et admirablement chorégraphié, D’Office a remporté le Grand Prix du Festival dans la catégorie des courts-métrages nationaux.

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