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En attendant le déluge 

Publié le 09/06/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

En attendant le déluge  questionne le droit d’asile pour raisons humanitaires. Après sa présence à l’affiche du Festival Millenium, ce documentaire est diffusé au cinéma Aventure à Bruxelles, ce mardi 14 juin 2022, à 19h00. Il sera suivi d’un débat sur le thème : « Quel réel vivent les personnes d’origines étrangères gravement malades en Belgique » ?

En attendant le déluge 

Certains demandeurs d’asile arrivent en Belgique car ils sont déjà très malades. C’est le cas de quatre compagnons de route que la réalisatrice Chris Pellerin a rencontrés en 2015 lorsqu’elle travaillait comme artiste intervenante au sein de l’hôpital Brugmann à Bruxelles.

Au gré de leurs témoignages, un homme arménien du nom de Meruzhan, le personnage le plus marquant du film, nous apprendra que depuis son arrivée, il a déjà passé 948 dialyses, 3792 heures et 2000 piqûres pour le traitement de son insuffisance rénale chronique. Durant quatre heures, trois fois par semaine, un traitement de substitution, l’hémodialyse, le maintient en vie. Ce manège dure depuis plus de six ans et, vu que sa demande de séjour est irrecevable, il est toujours en attente d’une greffe. Souffrant d’une maladie auto-immune, le lupus, Ardiana est une réfugiée du Kosovo qui a également développé une insuffisance rénale. C’est également une rescapée de la dialyse. Sans greffe, son pronostic vital est engagé. Mais sans droit de séjour, elle ne peut pas non plus s’inscrire sur les listes d’attente pour recevoir le don d’un rein. Pourtant, un retour chez elle signifie la mort. Sa situation semble dès lors bloquée. Originaire de Bulgarie, Nedzhib est venu en Belgique pour être auprès de son fils et Dranafil est un personnage haut en couleur qui n’a pas sa langue dans la poche.

Leur principal point commun ? Ils sont dans l’attente, depuis de nombreuses années, d’une régularisation de leur situation et de l’obtention du droit d’asile pour cause de maladie. Sans cette régularisation, ils ne peuvent pas suivre le traitement qui pourrait les soigner définitivement. Ils attendent donc à Bruxelles que leur situation se débloque en ayant des traitements de substitution.

Entre l’hôpital et la rue, qui est devenue pour certains un deuxième refuge en journée, Chris Pellerin va à leur rencontre afin de parler de la vie mais également de la mort. Cette mort que certains attendent et que d’autres repoussent sans cesse dans l’espoir d’un miracle. Malgré leurs situations dramatiques, ils gardent foi dans la vie même si leur seule solution pour recevoir un traitement adapté semble d’être encore plus proche de la mort qu’ils ne le sont déjà.

En rendant compte de la manière dont ils sont traités et de la destruction de l’image de soi qu’ils subissent à travers le temps, ce documentaire est un témoignage poignant. Il met à nu des humains contraints de quitter leurs pays pour profiter de soins qui leurs sont partiellement refusés car ils ne sont pas nés sur le "bon" territoire.

Certains plans du documentaire, longs et fixes, font écho à l’attente de ces êtres humains qui ne deviendront peut-être jamais des citoyens à part entière.

Certains se demanderont pourquoi ils ne rentrent pas chez eux pour se faire soigner. Car en Albanie et au Kosovo, la dialyse n’est apparemment accessible qu’aux plus fortunés. Certains se rappelleront d’ailleurs l’histoire de cet Albanais qui a été aspergé d’essence par un autre homme sous dialyse à l’hôpital américain de Tirana pour donner suite à une dispute dans la file d’attente.

En Belgique, l’asbl Medimmigrant et Caritas International sont des organismes qui ont une expertise importante dans ces domaines. Pour avoir plus d’informations concernant la projection et le débat du mardi 14 juin 2022 au Cinéma Aventure, rendez-vous sur le site du Centre Vidéo de Bruxelles (CVB).

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