Coup médiatique ou bonne blague de potaches ?
Un petit film belge n’aura sans doute jamais été précédé d’un "Buzz" aussi tonitruant. La RTBF, coproductrice du film, a visiblement décidé de mettre le paquet pour la promo et occupe l’espace médiatique, notamment l’Internet, avec un marketing pour le moins assertif. "Tant mieux pour le film", me direz-vous. "Cela lui donnera au moins une chance de passer la barrière du silence dont souffrent tant de films belges qui passent à l'écart de leur public." Certes, mais la communication de vente ne fait pas dans la dentelle, et la teneur de cette campagne gêne quand même aux entournures. En cause, l'affinité savamment entretenue avec C’est arrivé près de chez vous. Or, face au rouleau compresseur publicitaire, disons-le clair et net, il n’y a pas dans Kill Me please la moindre parcelle de l’ancrage sociologique qu’on trouvait dans C’est arrivé… . Pas davantage de la critique sociale ni de la satire des medias qui faisait toute la valeur du film culte des années 90 et donnait du sens au reste. De comparable, il n’y a que le "reste" : la provocation, l’outrance comme principal ressort comique, des numéros d’acteurs souvent brillants, mais en roue libre, des images noir et blanc, avec du grain, et qui bougent dans tous les sens "pour faire plus vrai". Par ailleurs, Kill me please est un projet qui tient très bien debout tout seul, sans avoir besoin de ce genre de comparaison. Un tel tapage ne pourra qu’accréditer l’idée que la comédie noire d'Olias Barco a été faite uniquement pour courir maladroitement derrière le succès de C’est arrivé…, dans la croyance qu’utiliser les mêmes méthodes pourrait amener les mêmes résultats.
Promo oui, il en faut dans notre monde sursaturé d’événements de toutes sortes, médiatiquement orchestrés. Mais faut-il pour autant vendre un film comme une lessive, à base de gros n’importe quoi ? Un "produit" culturel (même au sens large) ne mérite-t-il pas une communication plus subtile ?
D’autant que, Kill me please, on l'a dit, peut très bien se passer de ce genre de promo inepte. Sans apporter en quoi que ce soit du sang neuf à un genre cinématographique (la comédie provocatrice à l’acide) qui a trop tendance, ces derniers temps, à se mordre la queue, le réalisateur Olias Barco nous a mitonné un divertissement tout à fait convenable. Du moins pour les amateurs du genre, qui trouvent dans l’hyperbole et la transgression un procédé propre à provoquer une hilarité de bon aloi.