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L’arbre Providence de Michel Hellas

Publié le 03/07/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

L’arbre providence est le nom donné à ces arbres qui fertilisent les sols et qui parviennent à restaurer des sols a priori impropres à l’agriculture. Le film de Michel Hellas raconte la remise en place de cette pratique agroforestière ancestrale en Afrique à travers le regard et le combat de Bruno Devresse et de Kwami par l’Association de promotion des arbres fertilitaires.

À travers les différentes canopées, quelque part entre les Cévennes et l’Afrique, la caméra de Michel Hellas s’attarde sur une pratique ancestrale, un arbre d’une grande fertilité qui permet aux paysans de ne plus migrer vers les villes et d’utiliser leur propre engrais, des arbres qui, une fois plantés à proximité directe des champs de cacao, légumes ou autres, permettraient une régénérescence des sols. À cette thématique nécessaire, prise à bras le corps par le réalisateur qui n’hésite pas à affirmer l’opposition aux multinationales, s’oppose pourtant le manque de point de vue, subissant une certaine passivité où la voix-off devient trop didactique. Le film se tient alors à la frontière, s’en vraiment s’engager pleinement, bien qu’il tire à bout portant sur ceux qui défendent les engrais industriels et les vendent aux paysans. Soulignons cependant que le film dresse le portrait réussi d’une rencontre improbable, une sorte de rédemption d’un homme envers les arbres dans un parcours sinueux entre la transmission de ses connaissances aux paysans afin de changer de manière locale et globale les plantations et son combat contre ceux qui refusent de reconnaître une telle pratique.

Le réalisateur enracine son récit dans une démarche de découverte qui se propose de parcourir les différentes étapes de cette pratique agroforestière. Bien que la voix off, très marquée, a tendance à surdéterminer l’image, le réalisateur trace un sillon essentiel qui devient intelligible par la mise en perspective de ses observations. Finalement, le film de Michel Hellas s’inscrit dans un cheminement nécessaire, celui de la généalogie, de comprendre les possibilités qui s’offrent aux paysans, de montrer les changements possibles et effectifs, pour mieux penser l’agriculture et l’économie de demain. La caméra tient alors un rôle primordial, celui de percer, de creuser pour faire jaillir cette méthode oubliée.

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