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L'Oro del Cam(m)ino, Nathalie Rossetti et Turi Finocchiaro

Publié le 31/10/2024 par Max Meunier / Catégorie: Critique

Dans L'Oro del Cam(m)ino, Nathalie Rossetti et Turi Finocchiaro dressent le portrait d’âmes en quête de renaissance, nichées sur les hauteurs du Monte Faito, face au Vésuve et au monde qu’elles ont quitté. Au cœur du centre de réhabilitation "Il Camino", prisonniers en sursis et personnes en convalescence des dépendances vivent en retrait, exilés dans une nature brute et régénératrice. Le film se fait l’écho de leurs silences, de leurs doutes, de cette lente métamorphose qui, tel un chemin escarpé, les guide vers une paix fragile.

L'Oro del Cam(m)ino, Nathalie Rossetti et Turi Finocchiaro

Une intimité forte nous lie au fur et à mesure à ce groupe dont on identifie, puis ressens, puis comprend chacune des personnes et leur passé. C’est un film sensoriel qui met au cœur le programme qui est proposé au groupe comme expérience pour le spectateur avec cette proximité qui nous conquit. Ces hommes italiens se retrouvent là, ensemble, à leur propre initiative, en haut de cette montagne, pour (re)vivre et (re)sentir. Ainsi, nous les suivons à participer collectivement à la cuisine, au café du matin, de l’après-midi, aux échanges de discussion, aux explorations individuelles, aux expérimentations sensorielles, à la libération de leur corps, donner par d’autres pour les aider à reprendre goût. 

On nous présente certains personnages, les autres nous sont simplement familiers. Ces quelques noms résonnent alors tout au long du film à travers les yeux de la caméra, à travers les paroles des uns et des autres, pour nous emporter dans l’humilité et la dignité humaine de partager le temps du film leur douleur. C’est un film qui nous pousse à embrasser l’empathie de personnes que le monde et la société ont tendance à exclure trop vivement. Ce film nous invite alors au dialogue et à la compréhension. 

Si le rapport à l’empathie des personnages est richement élaboré, cela n’est pas sans négliger le travail de l’image et du son. On nous offre un exercice esthétique des images très intéressant. Si bluffant, que le film joue parfois les codes de la fiction. Les premières minutes en sont d’ailleurs un parfait exemple : une musique à suspense, sur la montée lente et progressive dans une nuit noire des sillons du Monte Faito, la révélation de la silhouette des arbres par les éclats des phares, sur l’apparition des premières paroles de plusieurs de nos futurs personnages entretenant tout le mystère du sujet du film, planant bien au-dessus de cette Naples en pleine festivité. 

Nous suivons le thème de la vie et de la mort, de leur interprétation, de leur traduction avec l’addiction et la frontière qui peut exister (ou non) entre celui qui consomme de celui que ne consomme plus. Ces sujets récurrents sont sans cesse placés en contradiction les uns face aux autres pour tenter de continuellement nous entraîner à chercher la nuance dans une quête de vérité bien plus profonde. Il s’agit avant tout d’une quête sur soi, une quête existentielle prise sous l’angle de l’addiction. La musique, la poésie, la danse deviennent alors des jeux d’équilibriste illustrant le combat que chacun mène pour continuer de vivre libre.

Avec une sensibilité qui embrasse l'intime, le documentaire nous plonge dans une danse entre solitude et fraternité, où chaque jour, chaque regard, chaque silence devient une étape de plus vers une vie reconquise. Face aux épreuves du passé et aux incertitudes de l’avenir, L'Oro del Cam(m)ino révèle la poésie de ce voyage intérieur, cette quête de lumière au sein des ombres.

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