Dans La Moisson, Rosie, muette depuis la mort de son père, se terre dans son monde pour échapper à la douleur de son deuil. Sa famille et ses ami·e·s tentent de lui faire rompre son silence, à coups notamment de questions percutantes, mais rien n’y fait.
La Moisson d'Alice D'Hauwe

Des gros plans sur des parties de son corps qu’elle scarifie ou sur son visage traversé par une triste langueur nous oppressent, mais nous unissent à sa souffrance. Sa sœur, au contraire, est en proie à des accès de colère terribles et ne cesse d’hurler sur leur mère. Rosie et celle-ci sont par ailleurs apeurées à l’idée de voir le champ planté par le père défunt moissonné.
Cet acte représente toutefois un renouveau et une page qui se tourne pour les héroïnes, qui, malgré leurs différends, voient leur lien renforcé par cette perte. Ce court métrage dépeint ainsi différentes manières de vivre son deuil, d’alléger ou d’alourdir ce fardeau inéluctable. En outre, il brosse un tableau tout aussi juste des maladresses d’un entourage souvent peu apte à offrir une aide efficace pour cette douleur.
En ce qui concerne la photographie, le contraste entre les tumultes et la grisaille intérieure des protagonistes et le contexte bucolique et estival du film est vivifiant, innovant. Les couleurs jaunâtres des champs et le bleu du ciel ajoutent une vraie touche d’esthétisme. Nous ressentons aussi en filigrane les éléments biographiques de la vie de la réalisatrice, ayant elle-même témoigné de la perte de son père au FIFF à Namur cette année. Elle semble avide de dépasser sa propre souffrance et la transpose d’une main de maître.









