Plongé dans l’obscurité d’une salle de projection, ce court-métrage tisse un récit à partir d’images d’archives, visuelles et sonores, pour mettre en lumière l’aliénation des femmes face à leur image de potiche dans le cinéma depuis des décennies. Chaque plan semble fouiller la mémoire collective du septième art pour en extraire ses reflets les plus dérangeants.
Rapaces, de Selma Beaufils

L’idée centrale est limpide et violente : les réalisateurs masculins, et plus largement les hommes, ont eu besoin de plier les femmes pour se sentir plus grands. Ce rapport de force se traduit ici par une succession d’images hypnotiques où l’on ressent le poids d’un voyeurisme persistant, d’un regard qui façonne et consomme. C’est la mise à nu du “male gaze”, ce regard dominant qui a enfermé la femme dans un rôle d’objet, de surface à contempler plutôt qu’un être à écouter.
Le film réveille le souvenir d’un cinéma façonné par le fantasme masculin, depuis Psychose et ses héroïnes sacrifiées jusqu’aux figures plus contemporaines, toujours observées à travers le prisme du désir. Ce huis clos visuel, à la fois angoissant, percutant et presque viscéral, ne laisse aucune échappatoire. C’est court, mais d’une intensité rare, comme une scène d’Hitchcock où les mots deviennent inutiles face à la violence du cadre.
Sélectionné au BAFF 2025 (Brussels Art Film Festival), ce film s’impose comme une œuvre coup-de-poing sur la condition féminine dans le cinéma et la nécessité de reprendre la maîtrise du regard. La réalisatrice sera présente lors de la projection, promettant une rencontre forte autour de ce cri visuel et nécessaire.