Dans Un avion dans le ciel, la réalisatrice Élodie Walter dévoile un court documentaire poignant sur sa relation amicale à distance avec un Sénégalais surnommé le Président. Par appel téléphonique, il conte avec hargne et accablement les conditions déplorables de détention dans le centre fermé belge où il vit pendant un an et demi. Couvre-feux, activités limitées, espoir déçu, attente interminable se soldant après des années par une expulsion du pays, tout semble conçu pour rendre son avenir incertain et limiter ses horizons et perspectives. Il va jusqu’à avaler des bouts de métal pour éviter d’être expulsé. Malgré tout, il fait preuve d’une sagesse et d’un détachement à fendre l’âme qui montrent aux spectateurices que l’adversité en est la cause et sa force de caractère, un remède.
Un avion dans le ciel de Élodie Walter
Lui et Élodie s’appellent tous les jours, pratiquent ensemble des entraînements sportifs et se livrent des confidences intimes sans tabou. Le sang-froid que la protagoniste garde en entendant chaque jour l’expression de son désespoir est saisissant, traduisant un support sans faille et une grande force mutuelle. Leurs échanges sont pétris d’un déséquilibre entre la liberté de l’une et la captivité arbitraire de l’autre, ce que les plans et le sentiment d’étroitesse, d’oppression qu’ils engendrent, reflètent avec brio. La fin est d’autant plus émouvante qu’elle nous ramène encore une fois à l’indifférence générale au sein des centres fermés et à la déshumanisation qui les caractérise. Ce film et d’autres histoires à l’écran sur ces thématiques sont d’autant plus nécessaires, même indispensables dans le climat politique actuel caractérisé par un mutisme par rapport aux exactions commises à l’égard des sans-papiers en Belgique.
