La femme au portrait...
Dans les films de Kiyoshi Kurosawa, on ne sait jamais vraiment ce qui s'est passé. On n'est jamais très sûr non plus de ce qui est en train d'arriver. Ses personnages dérivent dans des mondes inquiétants qui contaminent lentement toute leur réalité et qui ne s'avèrent souvent que le sombre rayonnement de leur désordre intime. Cela fait de Kurosawa un cinéaste à part, inclassable, entre cinéma de genre et méditation contemplative. Après des films de séries B voire Z, tournés en quelques semaines, Cure, Charisma, Kaïro, Séance, Retribution ont fait de lui aujourd'hui le maître en matière de fantômes. D'autres essais, plus rares, se sont éloignés du genre comme Tokyo Sonata pour éclairer le versant sociologique de son œuvre, peinture d'un monde défait et déserté. Son nouveau film, réalisé entièrement avec une équipe française, et coproduit par les Belges de Frakas, est encore une histoire de fantôme, une variation sur ses thèmes de prédilection : l'amour, la perte, la mémoire - et la culpabilité. Traversé par cette poésie délicate et mystérieuse qui fait tout l'art de Kurosawa, Le secret de la chambre noire est un conte atemporel d'amour et de mort... et une méditation sur le cinéma.