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Lumière Bleue de Laure Bioulès

Publié le 04/09/2020 par Lucien Halflants / Catégorie: Critique

Pourquoi les lumières qui, étrangement, habillent et découvrent nos villes sont-elles bleues ? Toutes les théories ont été entendues à ce propos.

Les néons bleus feraient fuir les sans-abris, empêcheraient de voir les veines prêtes à être perforées, rendraient nauséeux sur le long court, elles pourraient être avant tout un choix esthétique...

Lumière Bleue de Laure Bioulès

Lumière Bleue, troisième documentaire de Laure Bioulès, questionne l’origine et l’usage réel et fantasmé de ces éclairages, à travers la disparition d’un homme qui – faute de mieux – habitait sous l’un de ces ponts bleutés.

En résulte un film étrange, à la fois dense et ténu. C’est qu’il fait allégeance, par le truisme de son propos, à l’une des théories de l’essentiel Serge Daney portant sur les choix refusés.

Laure Bioulès ne cherche jamais à se vautrer dans la dénonciation unilatérale et incertaine. Ses choix esthétiques démontrent une volonté sincère de créer de belles images à partir des rayons colorés et par cette fascination leur confère un bienfait esthétique.

Paradoxalement, le choix des intervenants avec lesquels elle s’entretient (des passants, un sans-abri, un urbaniste et un architecte) dénote plutôt une envie d’avertir quant à l’utilité réelle d’une telle entreprise.

Et le film de questionner la mise en lumière tout en la mettant en lumière. Et ainsi, traiter fantasmagoriquement le bleu comme un faisceau magique pouvant faire disparaître un homme politiquement, comme la froideur d’un état qui observe, qui surveille avant d’agir ou, graphiquement comme une couleur capable de magnifier un pont, de rendre un coin trop sombre propice à la photographie.

À chacun d’y trouver les solutions qui lui siéront, l’auteure apportant une réponse spectrale à cette interrogation contre laquelle tout citadin s’est un jour heurté.

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