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Max & Co, histoire de tapettes à mouches

Publié le 01/02/2008 par Katia Bayer / Catégorie: Critique

Max & Co, film européen d’animation de volume englobant des partenaires suisses, français, anglais et belges, a été présenté en ouverture jeune au festival Anima qui vient de refermer ses valises. Egalement projeté en salles. Et à ne pas manquer, sous peine de louper un moment agréable à partager avec les enfants.


Ailes et notes

Max & Co, histoire de tapettes a mouchesSaint-Hilare la Bretelle se distingue par sa joyeuse communauté de marionnettes et sa fameuse fabrique de tapettes à mouches, Bzzz&co. Max, ado renard, y débarque pour débusquer son inconnu de paternel. Pendant ses recherches, il fait la connaissance de Félicie, une jeune souris intrépide pas laide et de Madame Doudou qui lui propose un toit et un travail comme musicien d’ascenseur dans l’entreprise de tapettes. À la tête de ce fleuron local : l’héritier Rodolpho, un affreux crapaud mégalo, fêtard, piètre gestionnaire, entouré de trois greluches batraciennes.

Une histoire belge mais aussi suisse, anglaise et françaiseHic : les actionnaires de la boîte veulent remplacer la désinvolture par le chiffre. Les licenciements fusent pendant que des mouches mystérieusement mutantes assombrissent Saint-Hilare…

À l’origine, les réalisateurs de Max & Co, Samuel et Frédéric Guillaume, deux frères jumeaux suisses, déjà co-auteurs de plusieurs courts animés, envisageaient de concocter un film muet de 26 minutes. Mais rapidement, l’histoire de Max a réclamé une autre durée et le passage au parlant pour s’ancrer dans un vrai développement artistique, narratif et technique. Le projet de court s’est transformé en un premier long métrage ambitieux : à la fois familial et musical, il entremêle stop-motion (marionnettes d’animation de volume), scènes psychologiques (sentiments d’abandon, de résistance, d’exaltation, …) et savoir-faire européens (animation, décor, tournage, montage, production en Suisse, fabrication des personnages en Grande-Bretagne, effets spéciaux et post-production en Belgique, musique et son en France).

 

Si des histoires d’insectes ont déjà survolé des projets d’animation (BzzFly me to the moonFourmiz….), la vraie originalité de Max & Co est due au réalisme de ses personnages (mouches comme non-mouches) qui s’avèrent être des poupées en latex ou silicone articulées et bardées de mimiques infinies et infimes. Ces héros minuscules (30 cm de haut) sont nés des mains des plasticiens reconnus de Mackinnon & Saunders déjà créateurs des personnages des Noces funèbres de Tim Burton, des Martiens de Mars Attacks et de Mr. & Mrs. Tweedie, les humains pas très gentils de Chicken Run.
150 marionnettes et leurs rouages associés ont ainsi quitté Manchester et son foot pour gagner Romont (canton de Fribourg) et son studio Cinemagination. Là, pendant les sept mois et demi de tournage, elles ont été délicatement manipulées par les animateurs européens intégrés au projet. Parmi ceux-ci, Guionne Leroy, ancienne étudiante de La Cambre et spécialiste de l’animation de volume (plus particulièrement de la pâte à modeler) : elle a travaillé pour les studios stop motion les plus importants (Pixar : Toy Story 1; Aardman : Chicken Run, Skellington : James et la pêche géante) et a été désignée comme chef animatrice sur Max & Co.

Max & Co, histoire de tapettes à mouches

Récapitulation. Des réalisateurs suisses, des marionnettes made in UK, une animatrice belge… Pour un film voulu  poétique, ambitieux et européen, il fallait encore s’entourer. Emmanuel Salinger (La Sentinelle d’Arnaud Desplechin, Oublie moi de Noémie Lvovski, …) et Christine Dory (La Chose publique de Mathieu Amalric, La Grande vie d’Emmanuel Salinger, …) se sont intéressé au scénario tandis que Bruno Coulais (Des Choristes à Brice de Nice) s’est occupé de la musique, Jacques Comets (Vénus Beauté, Lumumba, ...) du montage et Renato Berta (Le promeneur du champ de mars de Robert Guediguian, Au revoir les enfants de Louis Malle, …) de l’image. Et pour donner vie à Max, ses amis comme ses ennemis, les voix de Lorant Deutsch, San Severino, Patrick Bouchitey, Virginie Efira et Micheline Dax.

Outre sa fiche technique, Max & Co a une particularité : il s’agit de la production la plus chère de tous les temps helvétiques (c’est que ça demande du temps de réaliser un long métrage d’animation et des enveloppes pour rémunérer le travail de tous ceux qui sont associés au projet). Heureusement, le film (production majoritaire suisse) a bénéficié de fonds étrangers en France, en Angleterre et en Belgique. De notre côté, le Tax Shelter, Promimages, le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française se sont impliqués dans le projet.

Tout comme les coproducteurs belges, les presque pareils Serge de Poucques (grand) et Sylvain Goldberg (marrant) : leur boîte, Nexus Factory, a assuré la post production 3D et les effets spéciaux (eau, incrustation de ciels, ...). Avant Max & Co, ils ne produisaient que de la fiction. Les implications semblent avoir changé au vu de leurs sacrés rires de production pendant la projection « marché » à l’attention des distributeurs. D'ailleurs, Nexus est en cours de préparation de son deuxième long métrage d’animation de volume, La Véritable histoire du chat botté avec Jérôme Deschamps à la réalisation. Juste avant, Max & Co a également été présenté à Annecy aux côtés de huit autres projets. À noter : le grand rendez-vous de l'animation ouvre pour la première fois sa compétition aux longs métrages.

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