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Muil de Jasper Vrancken

Publié le 28/03/2019 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Les Nuits Fauves
Richard (Matthieu Sys), aide-soignant dans un hospice, est en proie à un fantasme sexuel rare et des plus particuliers : la vorarephilie (du latin vorare : avaler et du grec philia : amour), autrement dit l’envie de se faire mutiler ou dévorer vivant par un animal sauvage. Inutile de préciser que la vorarephilie, qui nécessite une bonne dose de pulsions suicidaires et une pincée de sadomasochisme, est difficile à pratiquer pour le commun des mortels, à moins d’avoir un lion chez soi. 

Muil de Jasper Vrancken

De plus en plus obsédé par cette idée fixe, le jeune homme passe son temps libre à chercher sur le net des photos d’animaux à la gueule béante : hippopotames, alligators, lions, etc. Et quand une prostituée lui dit de ne pas être timide « parce qu’elle ne mord pas », c’est exactement l’inverse de ce qu’il veut entendre.
Mais nous ne sommes pas là pour juger. Laissons à Richard la responsabilité de ses fantasmes. Par le biais d’une petite annonce, Richard rencontre Max (Pascal Maetens), qui partage la même obsession et lui révèle qu’ils sont loin d’être seuls au monde. Max est le propriétaire d’une mystérieuse créature féroce qui ingurgite dix kilos de viande crue par jour. Les cicatrices béantes qui ornent le torse de Max témoignent de contacts intimes avec la bête. Richard, lui, veut absolument dépasser les simples joies de la mutilation. Va-t-il trouver le courage de se sacrifier pour connaître la jouissance ultime ? 
Pour son deuxième court-métrage, le flamand Jasper Vrancken convoque Eros, Thanatos et 30 millions d’amis dans un mini-récit qui, outre des réminiscences de Crash de David Cronenberg et de La Région Sauvage d’Amat Escalante (dont les héros étaient eux aussi des personnages en souffrance, en quête du plaisir absolu par le biais de déviances sexuelles hors-normes), nous plonge dans un microcosme sous-terrain morbide, baigné dans une étrangeté indicible que n’aurait pas reniée l’écrivain Clive Barker. A l’heure où n’importe quel court-métrage horrifique ayant du succès sur le net devient un long à la qualité souvent défaillante, Muil pourrait bien être l’exception qui confirme la règle. Cette fascinante introduction de 16 minutes à une forme de sous-culture sexuelle underground gagnerait, une fois n’est pas coutume, à être développée sur un format long.

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