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Nesting de Alex Verhaest

Publié le 24/09/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Entre le Japon et la Belgique, la réalisatrice Alex Verhaest produit un travail hybride, et propose une réflexion sur l’image en mouvement. Que ce soit par l’impression 3D, par le biais de films interactifs ou de peintures digitales, elle ne cesse d’aborder des sujets ultras-contemporains et sociétaux.

Avec son dernier film Nesting, à l’atmosphère et l’esthétique si particulière, la réalisatrice évoque la maternité et les traumatismes que les autres nous renvoient. Michelle ignore les appels de sa sœur pour voir sa mère malade et s’isole dans un hôtel, noyant son mal-être dans l’alcool. Autour de cette arène, la réalisatrice y intègre un univers étrange et hautement symbolique.

Dans la nuit bleue et profonde, Michelle fume une cigarette dans sa voiture, refusant d’en sortir pour voir sa mère mourante qui l’attend à l’intérieur. Brusquement, elle redémarre et accélère afin de disparaître dans la nuit. Elle s’isole dans un hôtel sombre aux couleurs désaturées et très contrastées et commence une descente aux enfers, se noyant dans l’alcool. Alors que le film commence comme un drame classique, très écrit et narratif, l’ensemble des séquences au sein de l’hôtel s’appuie sur une étrangeté et une atmosphère lynchéenne. En effet, la réalisatrice a déformé les visages du personnel de l’hôtel à l’aide d’une technologie numérique, car tous incarnent le passé fantomatique et traumatique de Michelle. Nesting met en scène le subconscient de la protagoniste qui décide in fine de surmonter sa fragilité face à son passé. Alex Verhaest diffuse tout au long du film un conflit interne intense, celui du passage à la maternité dans une profusion d’images et de projections mentales de la protagoniste.

Comment incarner un traumatisme à l’écran ? Finalement, Nesting est un film réflexif qui s’attelle à penser le traumatisme tant sur le plan de la dramaturgie que dans son incarnation cinématographique grâce au mélange entre cinéma et technologie numérique. Le film d’Alex Verhaest aborde dès lors les conflits et les blessures en jouant sur des fantômes symboliques du passé refoulé et fait émerger des réflexions intenses sur les relations douloureuses sur nos mères. Un passage initiatique vers la maternité à travers un besoin de se pardonner face à la culpabilité.

 

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