Un plat qui se mange tiède
Le sous-genre du « rape and revenge », popularisé par quelques longs-métrages d’exploitation controversés comme La Dernière Maison sur la Gauche (de Wes Craven), Thriller : A Cruel Picture (de Bo Arne Vibenius), La Bête tue de Sang Froid (d’Aldo Lado) et I Spit On Your Grave (de Meir Zarchi) implique un positionnement moral douteux. Volontairement provocateur et politiquement incorrect, le genre a néanmoins fait les belles heures des salles d’exploitation et des vidéoclubs. Tous ces films proposent une variation sur la même histoire : ayant subi les pires assauts sexuels de la part d’hommes bestiaux et monstrueux, la victime, tel le phénix qui renaît de ses cendres, élimine un à un ses agresseurs, sa vengeance purificatrice étant « légitimée » par l’outrage subi. Le « rape and revenge » a accouché d’une poignée d’authentiques chefs-d’œuvre : La Source (Ingmar Bergman), Délivrance (John Boorman) et L’Ange de la Vengeance (Abel Ferrara) sont des œuvres remarquables qui abordent la thématique sous un angle sociologique faisant défaut à la kyrielle d’ersatz voyeuristes qui leur ont succédé. Au fil des ans, le genre, apanage des cinéastes masculins, a fini par tomber dans des travers aussi indéfendables que le « torture porn », étalant avec complaisance des actrices dénudées et une violence envers les femmes trop réaliste pour être honnête. Il était donc intéressant de voir ce qui allait se produire quand une femme passerait derrière la caméra pour nous livrer sa version de l’exercice.