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Robo de Léo Becker

Publié le 31/08/2023 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Les monstres attaquent la Tour Upsite

Robo, c'est une vue filmée en noir et blanc, plan fixe et en accéléré, de la zone du canal de Bruxelles (impossible de ne pas l’identifier, on a l’Atomium en plein milieu du cadre). Presque aussitôt arrive, incrusté dans l’image, un robot aussi haut que la tour Upsite, cet énorme pavé dans l’œil que l’arrogance bétonnière a fait pousser à la hauteur de Tour et Taxis, sur l’autre rive du Canal. L’automate a un corps de métronome et une tête de lampe de bureau, et il baguenaude sur fond de bruitages électroniques évoquant le son de ses pas. On se rend compte qu’il s’agit d’un tout jeune robot, qui découvre son environnement et ne pense qu’à jouer avec tout ce qui lui tombe sous la main. D’abord une péniche, qu’il sort du canal et secoue pour voir ce qu’il y a dedans, puis qu’il repose, tombant en arrêt devant l’immense tour d’habitations. Woaouw ! Enfin un jouet à sa mesure !

Robo de Léo Becker

En moins de 45 secondes Leo Becker a planté son décor, situé son histoire de façon magistrale et convaincu le spectateur qu’il a devant lui quelque chose qui sort de l’ordinaire. Visuellement d'abord, car la technique est peu courante, et moins simple qu’il n’y paraît de prime abord (rien que les problèmes d’étalonnage et de calibrage…). Sur le plan sonore ensuite, où le jeune homme, qui compose également des musiques électroniques, réussit d’emblée à créer une ambiance empreinte de fantaisie et de légèreté. Quant à l’animation et la narration, le pensionnaire de La Cambre progresse au rythme d’une idée toutes les cinq secondes.

Avec amusement, on suit d'un œil complice les péripéties de cet enfant robot turbulent que son père essaie de cadrer tout en étant lui-même inconscient des conséquences de ses actes. Une histoire simple même si elle se révèle sans doute moins naïve qu’il n’y paraît. Le message n'est qu'un objectif collatéral pour Robo qui a surtout pour ambition, en 2 minutes et 52 secondes, de créer un petit clip amusant et rythmé, à la réalisation soignée. En ce laps de temps très court, Leo Becker circonscrit parfaitement son sujet, de façon diablement efficace (voyez la manière dont la fin de l'histoire est intégrée dans le générique).

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