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The Roller, the Life, the fight de Hazem Alqaddi et Elettra Bisogno

Publié le 10/09/2024 / Catégorie: Critique

Une caméra s’allume. Elle cherche son plan, avant de s’arrêter sur des oiseaux à travers une fenêtre. C’est alors qu’une voix nous interpelle : « Pourquoi les gens meurent-ils partout ? Pourquoi les choses meurent-elles ? Pourquoi sommes-nous nés sur cette terre ? Pas pourquoi mais, si je dois naître sur cette terre, je veux naître en ayant ma liberté, mes choses, sinon je n’aurais pas voulu naître ».

The Roller, the Life, the fight de Hazem Alqaddi et Elettra Bisogno<br />

Le film suit le parcours d’Elettra, une étudiante en art qui, après un séjour en Israël dans le cadre d’un échange scolaire, prend conscience de la réalité du conflit israélo-palestinien et de l’oppression du peuple palestinien. De retour à Bruxelles, elle rencontre Hazem, un jeune demandeur d’asile palestinien originaire de Gaza, exilé en Belgique. Ensemble, ils partagent leur quotidien, leurs discussions autour de la langue arabe, de l’hébreu, de la calligraphie et de leurs souvenirs de terres en conflit. Au fil du récit, la caméra, libre et immersive, capte ces instants avec sincérité, sans artifice, nous plongeant dans un quotidien marqué par l’incertitude et la résistance. Le film prend son temps, nous emmenant dans un fleuve tranquille sans remous spectaculaires, mais empreint de moments de vérité. Quand Hazem reçoit un avis d’expulsion, la réalité les rattrape, et le documentaire nous dévoile sans détour les épreuves et la résilience de ceux qui luttent pour leur place dans le monde.

Leur périple est capturé à travers leurs deux regards, et parfois sans image, le son seulement nous décrivant ce qu’il se passe. Le film se construit dans un assemblage de matière, à la manière d’un journal, d’une conversation sans but, qui ne cesse de rebondir d’un sujet à l’autre. Finalement comme le rythme de la vie qui file et défile. Nous, spectateurs de ce théâtre, n’agissons pas, tandis qu’Hazem et Elettra se démènent pour donner un sens à leur histoire. La construction filmique suit parallèlement le sentiment de vertige qu’Hazem doit ressentir, perdu, sans savoir où il va, ni où il ira, et qu’adviendra-t-il de son avenir. Une image d’images, une histoire d’histoires. Celle d’Hazem est celle de tant d’autres.

Le film, avec son récit simple, nous emmène dans le quotidien de la vie, avec douceur et sans précipitations. La caméra, fidèle à la réalité, capte des moments authentiques, sans chercher à embellir. L'émotion, présente tout au long du film, reste sincère et accompagne les scènes qui, sans artifices, montrent la vie d’Hazem et Elettra. Le film expose leur réalité sans la romantiser, et c’est cette approche directe qui marque le fil de l’histoire. Cette approche met en avant une intimité vraie, celle de nos personnages qui partagent avec nous des instants de leur vie et de leurs épreuves, sans embellissements, mais avec une sincérité touchante.

Hazem a un rêve : ouvrir une école de roller. On le voit fasciné par la performance d’un patineur artistique. Comment y consacrer un quelconque espoir ? La scène finale, où Hazem s’exerce au patinage sur un chemin de parc, loin des glaces lisses des patinoires, devient une métaphore puissante de son combat : une tentative poétique et désespérée de trouver grâce là où tout semble lui résister.

Max Meunier

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