Chaque homme dans la nuit…
L’œuvre de Mahamat-Saleh Haroun développe les motifs de la disparition, de la trace qu’elle laisse chez ceux qui restent, et à travers ces passations manquées, de la transmission. Mais parce que tous ses films se passent dans son pays, au Tchad, déchiré depuis des années par la guerre civile, ces questions intimes deviennent éthiques, élaborées au sein d’une histoire collective violente, qui les porte et les dépasse. Son quatrième long métrage, récemment récompensé du Prix du Jury au Festival de Cannes, s’empare à nouveau d’une destinée individuelle prise dans la tourmente commune. Plus sombre que son film précédent, Daratt (Une saison sèche), dont il semble à la fois la suite et la réponse, Un homme qui crie prophétise le vers d’Aimé Césaire dont son titre s’inspire : « un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… »