Le court-métrage documentaire À votre service (2024) de Ludmila Bergeon, sélectionné dans la catégorie Jeune Cinéma belge du festival bruxellois En Ville, offre un regard sobre et émouvant sur la réalité des femmes étrangères travaillant dans les titres-services. À travers des gestes simples et des silences éloquents, le film met en lumière leur solitude, le manque de perspectives, mais aussi la force qui les anime : offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
A votre service (2024), de Ludmila Bergeon

Lors de l’introduction, le spectateur découvre un travail peu valorisé et souvent solitaire, rythmé uniquement par le bruit d’un aspirateur dans un silence absolu.
À votre service suit le quotidien de deux femmes employées par une société de titres-services à Bruxelles. La première, une Brésilienne, élève seule sa fille préadolescente, Adriana. Tandis que sa fille s’intègre parfaitement et se projette en Belgique, la mère, lassée par une vie monotone sans perspectives, rêve de retourner dans son pays une fois sa fille adulte.
La seconde protagoniste, une jeune Équatorienne, est suivie depuis son entretien de recrutement jusqu’à ses débuts. Si la langue représente un défi, c’est sa condition de jeune maman qui préoccupe davantage ses recruteurs, une difficulté qu’elle surmonte grâce au soutien de sa famille.
On apprend plus tard dans le documentaire que la jeune femme et sa famille ont fui la Colombie, où elle avait commencé à travailler dans les rues de Bogota dès l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, l’Équateur, gangréné par le narcotrafic, la corruption et une violence criminelle endémique, traverse une grave crise énergétique, particulièrement marquante en 2024. Depuis 2021, les demandes d’asile des Équatoriens dans le monde ont explosé, bien que ce phénomène reste limité en Belgique.
Les échanges téléphoniques captés au sein de l’agence de titres-services mettent en lumière le déficit de personnel à Bruxelles vu les conditions de travail compliquées et les salaires très bas dans le secteur.
La principale révélation du documentaire réside néanmoins dans la motivation profonde de ces femmes : leur rôle de mères. Simples et efficaces, sans fioritures, ces deux portraits mettent en avant un phénomène fréquent en Amérique du Sud : des femmes quittent leur pays après être devenues mères, cherchant à offrir de meilleures perspectives à leurs enfants. Motivées par des conditions économiques difficiles ou l’insécurité, elles tentent de reconstruire leur vie à l’étranger.