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Adieu la chair ! de Yohan Guignard

Publié le 14/12/2020 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Aux vestiaires, les hommes d'une équipe sportive établissent une dynamique singulière que met en scène avec clarté et intelligence Yohan Guignard pour son septième court-métrage. 

Adieu la chair ! de Yohan Guignard

Louis, un jeune joueur de rugby, s'ennuie dans son groupe junior. Lorsque la possibilité de participer à un match de l'équipe locale amateur s'ouvre à lui, il prend conscience de l'importance d'être accepté par « les hommes ». Le découpage minutieux (et presque trop parfait) capte particulièrement bien l'évolution de Louis, adolescent peu sûr de lui, timide, hésitant qui va, peu à peu, s'affirmer et réussir à intégrer les codes de ce milieu très réglé, y compris dans ce club amateur. La masculinité sportive et ici, celle du rugby avec ses propres « lois », régit le parcours de Louis et de sa mise en scène. Dans le bus de l'équipe, la première approche de Louis vers le groupe se traduit par des champs-contrechamps du groupe face à l'individu, sourire en passes d'armes et douce humiliation. Univers muet mais grognard, les corps comme paroles, il s'épanouit pleinement dans ce beau plan fixe de la scène des vestiaires, avant le match : danse animale des joueurs entre eux, échauffement des muscles et des tripes, cris de guerre et de combats.


L'optimisme du personnage principal crée l'empathie envers ces rapports de tendresse violente. Sublimation de l'entrée dans ce cercle viril, le sang versé de la cuisse est celui du guerrier accepté par sa tribu après le rite initiatique et de l'adolescent devenu homme par le truchement d'une boucle d'oreille, réminiscence d'une sexualité entraperçue dans la nuit.

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