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Après l'orage, Margot Rondia

Publié le 30/09/2024 par Nina Alexandraki / Catégorie: Critique

La Ciotat, petite ville côtière du sud de la France, ne semble se définir que par ce qu’elle n’est plus. Entre ceux qui aimeraient ne pas se souvenir et ceux qui n’y parviennent plus, le film dresse le portrait d’un lieu amputé de son chantier naval, autrefois poumon de la ville, fermé en 1989 et remplacé par un site industriel destiné à la maintenance des yachts de luxe.

Après l'orage, Margot Rondia

Comme son titre l'indique, le film explore le rapport au passé. À travers une série de témoignages d'anciens ouvriers du chantier naval, aujourd'hui âgés, la vie et le travail dans le chantier prennent corps. Ce n'est pas une description informative des activités du chantier que les personnes filmées livrent, mais des témoignages incarnés où toute une époque remonte à la surface. On imagine alors une ville où 6000 ouvriers travaillaient dans le chantier naval et où foyers, commerces, vie sociale, tout gravitait autour du chantier.

La nostalgie pour cette époque, exprimée par les protagonistes du film, est nuancée par les récits de travail où les accidents mortels étaient fréquents et la répression contre les mouvements de grève musclée. Ils font aussi partie de la description de cette vie agitée et laborieuse. Le film oppose cette "fourmilière d'activités" que représentait le chantier, avec des images d'aujourd'hui, où la ville semble désertée, quelques habitants seulement traversant les ruelles ou le port. Ce rapport entre le travail et la ville marque le passage d'une économie qui a déplacé son intérêt vers l'industrie du tourisme. Devant les images de yachts immobiles les uns à côté des autres, le film nous invite à nous imaginer une journée où toute la vie de la ville aurait tourné autour du lancement d'un pétrolier de 240 000 tonnes!

 

Après l'orage de Margot Rondia est en compétition aux Graines de cinéastes 2024

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