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Brutalia, Days of Labour de Manolis Mavris

Publié le 18/10/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Bienvenue en Brutalia. Un pays où il fait bon vivre quand chacun connaît sa place, son rôle et son statut. Il ne saurait en être autrement dans cette organisation parfaite. Après tout, si le modèle de la ruche convient aux abeilles, comment pourrait-il en être autrement de l’humain ?

Brutalia, Days of Labour de Manolis Mavris

Par une fable habilement menée, Manolis Mavris jette le spectateur au cœur d’un monde âpre et sans pitié où l’individualité n’existe que pour le collectif, au propre comme au figuré. Dans cet ici et maintenant, l’abeille - ou la femme - ne vit que pour être au service de sa reine, elle même destinée à un seul et unique but, perpétuer la colonie. Quand elle n’est pas croquée (ou croqueuse) d’hommes-bourdons, rigoureusement sélectionnés par des épreuves darwinesques.

Et le réalisateur grec de pousser la logique dans ses détails les plus pernicieux, amenés en toute simplicité par une voix-off faussement naïve. Entre plans-tableaux et ambiances anxiogènes aux parfums de dystopie intemporelle, Brutalia emporte le spectateur dans un univers troublant de réalisme. Au son des compositions hypnotiques de Larry Gus.

Un monde peuplé d’êtres dénués de cette individualité si chère à notre société occidentale, et que l’on n’aura de cesse de rechercher en vain dans ces femmes, taillées dans le moule de l'anonymat. La rupture est violente, autant par ce prétendu éloignement de notre réalité que par sa dangereuse proximité. Un modèle de perfection ? Rien n’est moins sûr. Le totalitarisme ne peut souffrir d’aucun grain de sable dans l’engrenage, d’aucune volonté individuelle. Sous peine de sombrer, sous un tonnerre d’applaudissements ou une gerbe de flammes.

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