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Chanson Cri de Sarah Espour et Marie Allain

Publié le 31/08/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Sarah Espour et Marie Allain revisitent avec audace et poésie le genre road movie dans ce court métrage d’Atelier (AJC).

Alors que Josée et Eli désirent rejoindre la mer en voiture, elles vont trouver sur leur route un homme étrange du nom de Franck, qui se rêve rockeur. Mais cette rencontre va bouleverser leur trajectoire de départ.

Des pas délicats et des gestes vifs au ralenti foulent une piste de danse colorée. La voix annonce un voyage prochain, celui de deux femmes, Josée et Eli. Tout semble paré pour le grand voyage, on embarque avec elles dans une vieille voiture.

Le film Chanson Cri est un film aux allures incertaines, folles et hybrides, entre des envolées lyriques et des dialogues décalés. Les deux réalisatrices reprennent dans les grandes lignes ce qui composent un road movie mais n’hésitent cependant pas à le repenser différemment, un double regard féminin et leur confrontation avec le monde et le réel. À mesure de la route parcourue, les deux femmes se dévoilent, l’une dans les mots, l’autre par ce besoin inépuisable de boire.

Le road movie est finalement avorté et prend une tournure inattendue par la rencontre d’un homme allongé sur la route dont les pulsions de mort vont changer progressivement au côté des deux femmes. Le film bascule dans un voyage intérieur entre ces trois âmes perdues, qui essaient tant bien que mal de garder un oeil sur la route, de tenir la barre de la vie, de continuer d’avancer. Car le voyage est aussi composé d’interludes dans lesquels Sarah Espour chante, où Franck s’essaie à la guitare, où Josée et Eli règlent leur compte et finissent par se séparer.

Il y a cette frustration de ne pas voir les deux protagonistes arriver au bout de leur quête, néanmoins le monde décalé dans lequel elles nous conduisent accomplit le pacte d’un voyage fait de heurts et malheurs, où l’imaginaire tient une place essentielle. En ce sens, aucun chemin ne les amène à destination, elles préfèrent se perdre, par inadvertance, par choix, par oubli, par de mauvaises indications, pour mieux se sonder. Un film qui propose une autre vision du road movie où la contingence orchestre leur devenir et le changement de trajectoire.

 

En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/

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