Un homme aux abois
Lassie, Rintintin, Benji, Cujo, Hooch, Beethoven, Gromit… Vincent Macaigne ! Trouvez l’intrus... La campagne promo annonce une sorte de succédané de Didier, dans lequel Alain Chabat incarnait un toutou métamorphosé en humain. On entre dans la salle avec cette appréhension de voir un énième « Vincent Macaigne-movie » (un genre à lui seul) réalisé par un cinéaste fatigué dont les trois derniers films furent des échecs. Samuel Benchetrit, qui adapte ici son roman, aurait-il lui aussi succombé à la cause de la « grosse » comédie populaire française, celle qui nous gâche le paysage cinématographique à grands coups de Tuches, de Ch’tis et de Profs ? Heureusement, il n’en est rien. Dès les premières séquences, très drôles, Benchetrit évoque davantage, par son humour noir et ses situations absurdes, les comédies surréalistes du duo Kervern / Delépine et les farces cruelles de la comédie italienne des années 60-70. Puis, sans prévenir, le film mute en un récit fantastique à la David Cronenberg, avec un homme se transformant lentement en une autre créature. Un étonnant virage vers l’horreur psychologique, doublé d’une allégorie subversive de la servilité du peuple à l’égard du pouvoir en place, des dictatures. Nous voilà aux antipodes de la gentille comédie familiale d’Alain Chabat !