Cinéma de Gilles Deleuze
Cinéma de Gilles Deleuze
Prenons le troisième épisode où il fait un essai de classification des images et des signes. Il distingue les trois espèces de l’Image-mouvement : l’image-action, l’image-perception et l’image-affection…C’est épatant et plus facile à comprendre que l’Image-mouvement et l’Image-temps, les deux volumes de Gilles Deleuze parus aux éditions de Minuit qui continuent à séduire et intriguer les passionnés de cinéma.
Sur les centaines d’heures de cours donnés à Nanterre, Claire Parnet et Richard Pinhas nous offrent six heures sur six CD édités par Gallimard. Comme dans ses deux livres, Gilles Deleuze propose une conception du cinéma radicalement nouvelle.
Ecouter Gilles Deleuze, répétant trois fois la même phrase, ralentissant ses propos ou les accélérant ressemble à l’aspect sonore d’un film. Qui plus est, Deleuze réussit à faire rire son auditoire d’étudiants.
1. L’image-affection surgit dès le début de L’Homme que j’ai tué (The Man I Killed) de Lubitsch. Pour voir une image-affection, il faut que surgisse le visage, le gros plan. Le Procès de Jeanne d’Arc de Dreyer qui privilégie visage et gros plans est aussi dans l’image-affection.
2. "Un film où dominerait l’image-action est un policier. J’insiste là-dessus parce que c’est sans doute le film policier qui a apporté l’idée de segments d’action et un minutage dans les segments d’action.(...) L’exemple pur d’image-action, c’est Fritz Lang. Il a été le grand artiste de l’image-action. Je vous donne comme cas presque pur de l’image action le début du premier Docteur Mabuse. Une action qui se décompose en un ensemble d’images…"
3. " Il y a un genre qui a dominé l’image-perception, le western. Un livre américain de Leslie Fiedler dit que les américains sont des gens qui n’ont pas d’histoire, c’est bien connu, mais en revanche, ils ont une géographie (…) L’Ouest c’est la confrontation avec la frontière et avec l’indien. C’est ce qui est découvert avec le western. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la frontière n’est plus quelque chose qui sépare, c’est quelque chose qu’on ne cesse de déplacer…"
Bigre ! On ne vous donne là que de tous petits extraits des propos sur le cinéma de Gilles Deleuze qui ne cessent d’intriguer. Laissez-vous surprendre.
Cinéma de Gilles Deleuze, 6 CD édités par Gallimard. Collection À voix haute