Anatomie du cinéma : ce qu’il faut savoir avant de se lancer de Frédéric Sojcher

À l’évocation du titre de l’ouvrage, pas de réelles surprises quant à sa teneur : il s’agit ici de décrypter les entrailles de la fabrication d’un film, de l’écriture du scénario, à la projection de l’œuvre finalisée dans la salle obscure, théâtre de nos passions, ou plus prosaïquement depuis le confort de nos canapés. Tout cela sans oublier de s’intéresser aux étapes de production, de tournage qu’il faut replacer dans un monde audiovisuel qui a, ces dernières années, changé de visage. Des changements qu’il remet d’ailleurs en contexte en s’attelant dans une première partie passionnante à inscrire le fonctionnement du secteur dans une longue Histoire du cinéma, de son esthétique, de son économie et de sa technique. Car comme le dit Frédéric Sojcher « le cinéma c’est plus que le cinéma ». 

C’est notamment de l’humain ! Force de l’ouvrage, les liens entre réalisateurs et producteurs, comédiens, mais aussi techniciens, ont aussi ici une place centrale. L’auteur traite la naissance d’un film comme un phénomène en mouvement, en tension constante, marchant sur un fil entre succès et échec. Une réussite qui semble d’ailleurs, bien souvent, tenir au bon vouloir de la Commission du cinéma sans laquelle il semble presque impossible d’aboutir à la réalisation de son projet. Une approche structuraliste qui rappelle l’ouvrage de Philippe Blasband Scénariste ! Manuel d’écriture scénaristique pour les apprentis scénaristes, mais aussi pour celles et ceux qui s’intéressent au scénario et au cinéma, que nous avions critiqué il y a peu de temps sur Cinergie et qui rappelait déjà que le cinéma est un art collectif et subjectif. 

En parlant d’humain, Frédéric Sojcher nourrit son propos de sa propre expérience (et de celles de certains étudiants) derrière la caméra, lui qui a notamment réalisé les films HH, Hitler à Hollywood en 2010, et Le Cours de la vie en 2023. Mais aussi des anecdotes extirpées de son enfance, durant lesquelles le cinéma avait déjà une importance indéniable. Une dimension pratico-pratique qui donne de fait à son ouvrage une dimension supplémentaire : celle du réel, mais aussi celle du récit. Car si son ouvrage est intéressant, c’est aussi parce qu’il utilise un langage qui parle à tout le monde. Celui de l’expérience de vie. 

Pour évoquer ces différents aspects, on retrouve le ton piquant de son auteur. Les phrases, acerbes et cinglantes, expressives et ponctuées qui font de ce manuel du 7e art un véritable page-turner.

Une plongée dans les coulisses de l’acte créatif nécessaire et vivifiante que l’auteur clôture par un éloge de l’effort : “Ce qu’il faut savoir avant de se lancer ? Tenir.” Courage !