Le premier long-métrage des frères Jan et Raf Roosens, ouvre la dix-septième édition du Festival du Film d'Ostende avec audace. Le film marque les débuts à l'écran de Billie-Louise Baetens, aux côtés de sa mère Veerle Baetens, mais également de Gorik van Oudheusden, alias Zwangere Guy. En conclusion, Comeback nous invite à comprendre l’importance de savoir ce que l’on veut et ne veut pas dans la vie, tout en prônant la bienveillance, le pardon et la réconciliation.
Comeback de Jan et Raf Roosens, 2025

À travers le regard d’Ava (Billie-Louise Baetens), 14 ans, Comeback explore la quête d’identité d’une adolescente entre les ambitions de sa mère DJ (Veerle Baetens) et la stabilité retrouvée de son père (Zwangere Guy), devenu cuisinier.
Les frères Roosens continuent d'explorer avec sensibilité les dynamiques familiales et les relations humaines. Si dans Copain (2015), lauréat à la Palme d’Or du court métrage à Cannes, ils s’intéressaient à la recherche identitaire au sein de la cellule familiale, dans White Goldfish (2020), ils exploraient déjà les interactions entre adultes et leur impact sur l'enfant. Ce long métrage s'inscrit naturellement dans cette continuité.
Comme ils l'ont exprimé à propos de White Goldfish lors de la semaine de la critique à Cannes, « nous voulions décrire différentes relations entre adultes et montrer comment cela influence la mentalité d'un enfant. Nous ne voulions pas que la jeune Stella exprime ses sentiments par des mots, mais par des actions. »
On retrouve à nouveau cette approche dans Comeback, où la quête de sens d’Ava passe avant tout par ses actes et ses interactions avec ses parents. Les frères Roosens dressent avec une grande finesse le portrait d’une famille où les rôles s’inversent : une mère qui peine à assumer son rôle et une adolescente déchirée entre ses parents.
Comeback est un film sur l’absence parentale et le fantasme qui entoure les enfants de stars. Enviés par leurs pairs, ces enfants doivent affronter des parents dont la vie d’artiste ou de bohème, souvent exaltante, laisse des vides difficiles à combler.
Le film, loin de juger les failles des parents, se concentre sur la fragilité des relations humaines et la quête de réconciliation. Il plonge aussi dans l’univers enivrant et dangereux de la nuit, où Ava cherche à se définir en s’identifiant à sa mère.
La Force de la Nuit devient la métaphore de cette dualité, entre liberté et dangers insidieux, comme la drogue, qui hantent les clubs. En boîte de nuit, la solitude se cache souvent au milieu de la foule. L'ambiance vibrante de musique et de lumière dissimule une tristesse profonde, chaque personne cherchant à s'évader tout en restant enfermé dans sa quête de sens. La photographie joue un rôle clé dans l’atmosphère du film, avec son grain granuleux et ses jeux de lumière, elle accentue cette dualité entre vie de jour et vie de nuit.
Après avoir rempli l'Ancienne Belgique et cumulé plusieurs millions d'écoutes sur Spotify, le rappeur bruxellois Zwangere Guy incarne avec justesse et subtilité le rôle de père. Sa complicité avec Billie-Louise Baetens crée des moments d'une émotion profonde, amplifiés par les liens forts entre mère et fille.
Comeback est une œuvre intime qui explore les relations familiales avec justesse et qui, dans la continuité de la filmographie des frères Roosens, confirme leur talent pour capter l’essence des liens humains et des quêtes identitaires. Le duo de réalisateur brosse un portrait sincère et lucide du passage à l’âge adulte, entre émancipation et vulnérabilité.
La chanson Elle danse seule d'Axelle Red, qui ouvre et clôt le film, renforce cette ambiance mélancolique et introspective.