Les CRIA (classes résidentielles d’intégration artistique) sont des séjours pédagogiques artistiques qui fusionnent l’école et le monde culturel. Ces CRIA offrent des expériences uniques pour les intégrants et les animateurs dans les rencontres et les connaissances partagées. La CRIA audiovisuel (il existe aussi en musique et en arts de la scène) propose 6 ateliers différents au cours de la semaine avec des animateurs de différentes associations, l’idée est que les 120 enfants accueillis, qui sont divisés en 6 groupes, puissent passer dans les 6 ateliers qui proposent chacun une notion cinématographique différente. Dans mon rôle d'animateur, j'ai rencontré cette année les élèves de 5e et 6e primaires et leurs enseignants des écoles Notre-Dame de Dinant et Athénée Royale de Woluwe.
CRIA audiovisuel
Cette année, il y avait l'atelier programmation, où les enfants visionnent des courts-métrages de tout style et en choisissent un pour présenter à tout le monde le dernier jour et expliquer leur choix. Cet atelier est accompagné d’une recherche audiovisuelle libre où chaque enfant crée une petite séquence, sans contraintes, qui servira en mode de générique lors de la présentation du dernier jour. Lors de la présentation finale, la plupart sont contents de donner leur opinion sur le court-métrage présenté, ils doivent parler devant un public de 130 personnes, ce qui n’est pas facile à 11-12 ans. Cette présentation m’a permis de connaître beaucoup plus les animés avec lesquelles j’avais déjà passé une semaine entière et qui venaient avec des idées et des débats surprenants.
L’atelier "banc-titre" propose aux enfants de créer un court film en stop-motion avec des éléments ramassés en nature (feuilles, branches, pierres, etc), bruiter, mettre des voix dessus et créer un générique avec tous leurs noms. Un exercice qui demande une grande concentration et disponibilité de leur part.
L’atelier "pixilation" qui demande de créer un film en prenant des photos et les mettre l'une après l'autre. Ça leur a permis de jouer avec des coupes et à, par exemple, avancer sans toucher le sol ou encore faire bouger des objets sans les toucher. Ils apprennent aussi que le cinéma est fait grâce aux photos et que les vidéos, c’est juste l’illusion créée par la suite d’images de manière rapide et continue. Ils découvrent également une technique simple de trucage.
L’atelier "bruitage" donne de la visibilité à un métier peu connu. Les participants comprennent pourquoi on ne peut pas reproduire certains sons simplement en les enregistrant tels quels. Les animateurs leur expliquent et montrent des sons bruités en studio, quels objets sont utilisés et les recherches sonores de certains bruiteurs pour retrouver le bruitage qui recrée le mieux le son recherché. Pour la présentation finale, ils auront à refaire la bande-son de films connus avec les bruitages et doublages de voix.
L’atelier "tire ton plan" propose aux enfants de mettre en scène des expressions courantes, dans une certaine valeur de plan ou notion cinématographique. On leur a proposé des expressions comme: tomber dans les pommes, lâcher une caisse dans l’ascenseur, passer par-dessous, mourir de peur, mourir de rire, etc. Ils travaillent donc ensemble pour mettre en scène les expressions pendant que la camerawoman ou cameraman découvrent la notion de plan et cadre.
Le dernier atelier est le "suédage". Cette technique inventée par Michel Gondry lors de son film Be kind, rewind consiste à faire le remake d’un film connu résumé en 1 minute, avec les moyens du bord. Les enfants choisissent alors un film, réécrivent l’histoire avec les points plus importants et refont les décors avec du carton et de la peinture. Ils vont ensuite mettre en scène leurs films en faisant un travelling en plan-séquence où les acteurs sortent et rentrent dans le cadre en faisant tourner le décor pour changer d’ambiance et de lieu.
Des petits ateliers optionnels de 20 minutes sont proposés pendant les temps de midi ou les participants bricolent et créent leurs objets du pré-cinéma, entre autres le folioscope, thaumatrope et zootrope. Ils découvrent aussi les principes du cinéma et ses outils, tels que la pellicule ou la bobine.
Les CRIA sont organisées au centre culturel Marcel Hicter La Marlagne, qui reçoit des groupes d’artistes et d'étudiants pendant toute l’année. Une infrastructure proposée par la Fédération Wallonie-Bruxelles où l’équipe lutte pour préserver l’espace comme un lieu public mis à disposition de l’éducation permanente et pas un lieu de réunion des grandes entreprises et associations privées. Lieu convivial, avec une équipe de permanents accueillants. Petit bémol (ou gros bémol, c'est selon), le tri des déchets ne se fait pas, les repas du matin et du soir sont toujours des tartines accompagnées de fromage emballé dans du plastique, le beurre, la confiture et les sauces sont en portions individuelles en petits pots en plastique également, les crudités et les légumes étaient rares si pas absents. dommage, cela aurait été l'occasion d'apprendre aux enfants des gestes simples écoresponsables. Mis à part ces détails, l'expérience à La Marlagne était remplie d’émotions. J'ai découvert des groupes d’enfants très hétérogènes, d'âges et de milieux différents, mais chacun curieux et motivé à sa manière durant cette semaine très chargée et remplie d’informations. Chaque groupe était accompagné d’enseignants aussi très motivés et impliqués dans les activités, donnant l’exemple aux enfants.
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Antoine Philippart
