Il n’est pas inconnu que les icônes d’enfance de nos voisins du nord soient bien différentes des nôtres, françaises ou francophones. Mais peut-être les plus bilingues d’entre nos lecteur⸱ices connaissent déjà Dikkie Dik, ce gros matou roux qui conquiert le coeur des petit⸱es néerlandophones depuis les années 1980. Aujourd’hui, le félin fait son apparition sur le grand écran au travers d’un film, premier d’une saga qui devrait s’étendre sur quatre longs métrages d’animation, coproduits par Eyeworks.
Dikkie Dik en de verdwenen knuffel, de Joost Van Den Bosch et Erik Verkerk - 2024
Dans Dikkie Dik en de verdwenen knuffel, ou Dikkie Dik et l’ourson disparu, les spectateur⸱ices suivront les aventures de Dikkie Dik à la recherche de son doudou favori, au travers de tableaux qui rappellent l’univers de l’autrice Jet Boeke, tout en étendant celui-ci à la magie du grand écran et de l’animation. Un retour aux sources pour le personnage, puisqu’il était d’abord apparu en 1978 dans la version néerlandaise de Sesame Street avant d’être couché sur papier. Depuis, ce sont près de 25 albums qui ont été publiés, des histoires courtes à destination des tout petits, qui ne sont pas sans rappeler les aventures de Spot le chien du britannique Eric Hill. Pour porter ce récit au cinéma, les réalisateurs Joost Van Den Bosch et Erik Verkerk, qui se sont rencontrés au studio irlandais Cartoon Saloon (Brendan et le secret de Kells) ont collaboré avec la star de télévision néerlandaise Burny Bos, décédé en décembre dernier. C’est celui-ci, tout en étant aux commandes du scénario, qui accompagne les enfants de sa voix bienveillante tout au long du film, en narrateur jovial et sympathique qui rit et sourit des maladresses de la boule de poils et de ses camarades de jeu. Le tout, en invitant petits et grands à participer activement à cette aventure cinématographique. Car dans Dikkie Dik, pensé pour une audience d’enfants entre 3 et 5 ans venant vivre leur toute première expérience de cinéma, tout est fait pour encourager à l’interaction. Des chansons aux réactions d’enfants pré-enregistrées qui s’émerveillent des bêtises du chat, dans des tableaux riches en détails et en clins d'œil espiègles. De quoi garder attentifs et impliqués les tout petits, en remplissant les salles des cris et des éclats de rire de mignons cinéphiles en devenir.
L’animation, quant à elle, est propre et finement exécutée. S’inspirant directement des dessins originaux, les cinéastes se sont entourés d’animateurs néerlandais et internationaux avec qui ils avaient déjà pu collaborer sur leurs nombreux projets, tout en adoptant une approche assez différente des standards de l’industrie. Chaque animateur a ainsi pu travailler de bout en bout sur son plan, parfois très long (jusqu’à deux minutes) étant donné le caractère épisodique du récit, se déroulant de page en page à la manière des histoires de Jet Boeke. Des séquences au rythme doux et aux couleurs chatoyantes, peuplées de mignons petits personnages et qui font de ce film une gourmandise d’une soixantaine de minutes, dont le thème vous restera en tête pendant plusieurs semaines. Pour le bonheur des enfants, et peut-être aussi des parents nostalgiques et amateurs de belles histoires.