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Fluid de Numa Jardin

Publié le 12/04/2023 par Gauthier Godfirnon / Catégorie: Critique

Comment les personnes non binaires peuvent-iels supporter les micro-agressions au quotidien ? Comment agir pratiquement pour pallier promptement le problème ? Les insultes incessantes, les questions fermées, indiscrètes, les regards de travers, les menaces de viol mènent la vie dure à ces individus. Loup Caccia, lea protagoniste non-binaire, en bave des ronds de chapeau, c’est le moins qu’on puisse dire. « T’es une fille ou un mec ? » Une question a priori bénigne, inoffensive, sans malice, mais qui blesse sans détour.

Fluid de Numa Jardin<br />
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Ce n’est pas au nom d’un politiquement correct éculé que cette question est problématique. L’épine dépasse la bienséance ou la bien-pensance, il convient de réfléchir autrement, de comprendre qu’une catégorisation intempestive porte atteinte aux êtres humains. Elle simplifie une réalité plus complexe. Le message est clair : la société actuelle doit urgemment évoluer vers plus d’acceptation et plus de tolérance bienveillante envers ces minorités persécutées et malmenées. Des seins et une barbe, eh bien, pourquoi pas ?

À travers Fluid, Numa Jardin présente comment l’artiste en herbe combine avec finesse la photographie et une technique bien particulière avec de la Javel, du vinaigre ou du Destop pour défoncer ou délaver les photos. Les dépôts se dissolvent, les images se décollent, les pigments flottent. Par ce processus, iel transforme son corps de fond en comble, révolutionne ses parties génitales, y gribouille des taches sombres et des dessins figuratifs pour transcender la nature d’un corps humain socialement construit. Cet art symbolise en toute vraisemblance un genre et une transition fluides, affranchis de tous les carcans binaires de la société. Loup n’avait pas encore nommé cette fluidité, mais iel se projetait toujours « en tant que tel.le ». Iel voulait passer outre aux injonctions de d’abord être désirable pour les autres, et ainsi dénicher sa propre beauté intérieure. Iel rend, dans une large mesure, la non-binarité des corps vraisemblable. Le résultat artistique est remarquable, presque digne d’une peinture de Picasso, par son ex-centrisme si réaliste.

Si l’on veut vraiment prôner une société libertaire où les corps, les genres et les sexualités s’épanouissent sans accroc, cela passe avant tout par un langage ouvert et bien intentionné d’une part, et par des actions aimables, plus concrètes, empreintes de complaisance et d’un dévouement à une empathie exemplaire. Ce documentaire offre une méthode alternative, proactive, la combinaison de plusieurs arts, une nouvelle démarche plus favorable, qui permettent aux personnes issues de cette minorité d’exprimer leur corporalité plus librement face à une société loin d’être inclusive.

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