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iDoc, images documentaires

Publié le 12/09/2013 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Livre & Publication
iDoc, images documentaires

Le dossier de ce numéro est consacré à Wang Bing, le cinéaste chinois plus proche, comme Jia Zhang-Ke, du documentaire que la génération précédente (la cinquième dont les réalisateurs les plus connus sont Zhang Yimou et Cheng Kage).

Son premier film, À l'Ouest des rails, est une gigantesque fresque de 9h30, tournée dans les ruines d'une ville-usine maoïste, filmée avec une petite caméra DV.

Ensuite, le cinéaste a tourné un documentaire intitulé Fengming, chronique d'une femme chinoise (3h06) et Le Fossé (1h49), une fiction.

Jean-Louis Comolli avoue ne pas être parvenu à écrire une véritable critique de ce film fleuve. Il essaie donc une autre tactique d'approche, consistant à s'interroger sur les séquences d'À l'Ouest des rails qui restent dans sa mémoire. Que retient-on et qu'oublie- t-on ? Citer quelques points d'impact laisse le soin de regarder autrement un film fondé sur l'oubli. « Plus le film dure, plus évidemment le spectateur est frappé d'oubli », à moins bien sûr d'être plus divin qu'humain. Sans doute est-ce lié au fait qu'en regardant ce long film on accepte la destruction du site que l'on découvre. L'usine en ruine est fermée au moment où elle s'effondre. Ensuite, Comolli signale deux événements. D'une part, une crise profonde de confiance dans le monde et dans les autres, et d'autre part, une manière de filmer qui ne dissimule pas les choses avec des gros plans, « ce dont excelle les écrans publicitaires et les écrans télévisés. (...) On filme de plus en plus en gros plans. Je tiens qu'il n'y a de mise en scène que prenant le risque de passer par le plan large. »

Wang Bing ne cesse de travailler en plans larges. Les longues focales prédominent dans ce panorama qu'il offre au spectateur. « Ce qui est avalé, englouti, enfourné, c'est précisément la juste distance entre la machine et les corps, entre moi, spectateur et l'autre filmé. »

Anthony Fiant, dans un article sur Three Sisters (Les Trois sœurs de Yunnan - 2012) commence en ces termes : « Observer, accompagner. Le geste documentaire de Wang Bing est d'une simplicité déconcertante. Voilà pourtant maintenant dix ans qu'il nous fascine avec sa façon de regarder la Chine en face, et plutôt que de simplicité, c'est de tact cinématographique dont il faudrait parler... »

A lire également un entretien avec le réalisateur chinois, sur le rôle du documentaire dans ses films et dans l'Empire du milieu.

Enfin, pour les fans d'Harun Farocki, un article critique sur son documentaire Ein neues Produkt, un film qui traite du taylorisme en se penchant sur les consultants des espaces de bureau pour employés. Entre le fou-rire et l'indignation, avec une rigueur dans les images propre au grand cinéaste allemand.

iDoc, images documentaires, n°77, juillet-août 2013