Tout a commencé par l’humour. Entre deux projets et pour tuer le temps, la cinéaste, autrice et artiste Martine Doyen s’est amusée à transformer le maître de l’horreur en maîtresse du cinéma. Une transformation innocente, mais pas tant que cela.
Alfreda Hitchcock & Sisters de Martine Doyen
Par cet ouvrage, collection de quatre-vingt portraits de cinéastes “féminisés” par la magie de la retouche photographique, Martine Doyen met le doigt sur un manque fondamental de l’histoire du cinéma mondial, l’absence de réalisatrices. Car si l’on peut régulièrement encenser le travail des femmes sur des courts-métrages, ou dans des premiers films de qualité, force est de constater que leurs carrières sont souvent assez courtes, ou en tout cas bien moins fournies que celles de leurs homologues masculins.
Un constat difficile mais toujours d’actualité, et une évolution très (trop) lente pour que ce panthéon soit équilibré dans les prochaines décennies, selon l’autrice. Alors, peut-être inconsciemment, elle s’est attelée à ce facétieux projet et le poursuit encore aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Avec l’envie d’aller plus loin, de remettre en question les représentations et de donner des figures inspirantes à celles qui ne se retrouvent pas dans ces vieux hommes peuplant le temple cinéphile.
On ne peut qu’adhérer à l'initiative, dans son fond comme dans sa forme. La délectation de croiser au détour de ces pages Jacqueline Tati, Ursula Welles, Léa Carax ou encore Martine Scorsese est de l’ordre de la gourmandise cinéphile de haut niveau. Et si certaines sont plus bluffantes que d’autres, elles soulignent ensemble le propos de l’autrice par leur éloquence : nos grands cinéastes sont aussi des femmes.
Alfreda Hitchcock & Sisters est disponible en librairie et à la commande sur le site de La Lettre Volée.