Suite à la disparition brutale de sa compagne, Irène s’engouffre dans un douloureux processus de deuil. Tantôt inanimée, sinon frénétique, elle n’éprouve que par souffrance. Au contact des autres, le monde s’ébranle davantage, ou au contraire se fige sous ses yeux. It Burns est un récit sur l’obstination du déni dans le deuil, qui explore cette inclination insouciante et désespérée à retenir l’être disparu.
It Burns, Kate Maveau, 2024
Dans une esthétique très “rouge et noir”, Kate Maveau étire la psychologie de son personnage, l’installant dans une situation de crise brutale, matérialisée en plusieurs étapes. Chacune d’elles remplit une fonction bien précise dans l’articulation du registre horrifique, qui n’est qu’un support esthétique en toile de fond. L’objectif semble plus intime, lié au supposé fantasme de contempler une comédienne interprétant la souffrance et la frénésie. En isolant totalement ce personnage du reste du monde, en suggérant un être maudit voué à un cauchemar perpétuel, Kate Maveau resserre le propos sur l’infatigable solitude qui envahit le parcours du deuil. Elle va plus loin en la confrontant à une expérience rituelle qui la hisse au rang de personnage ténébreux, aux tendances sataniques. L’hyperbolisation du sentiment de détresse étouffe quelque peu le récit, au détriment d’une plus subtile richesse thématique.
Pour ces différentes raisons, It Burns s’apparente à une nouvelle fantastique orientée vers l’intériorité psychologique, mais surtout psychique d’un personnage. Le récit comporte peu d’éléments horrifiques et ne cultive pas de forte tension narrative ; il est toutefois question de rythme : une lenteur globale qui connaît différents points de rupture destinés à précipiter le spectateur dans la frénésie ardente du personnage. Une bande originale intéressante joue également un rôle de premier ordre, enveloppant chaque séquence dans une froide mélancolie.