Kamay de Ilyas Yourish

De nombreux aspects intéressants de la vie quotidienne hazara sont aussi dépeints, qu’il s’agisse de leurs méthodes culinaires, de leur élevage divers et varié, de leurs pratiques de tissage, de leurs chants traditionnels, etc. Le kamay est une plante ancestrale qu’on peut trouver dans les montagnes du centre de l’Afghanistan, zone historique peuplée par les Hazaras. Cette minorité ethnique a été massacrée à la fin du 19^e siècle pour avoir aspiré à l’indépendance. C’est la voix off de Freshta, la sœur de la défunte qui nous présente cette région sublime et va nous accompagner avec poésie, émotivité et vulnérabilité tout au long du film. Elle aussi rêve d’étudier, et nous partage sa solitude et son deuil dans ce paysage à la fois enchanté et désolé fait de splendides sommets tantôt arides, tantôt enneigés. « Nous laissons toutes les deux des choses inabouties et sommes forcées de nous en aller et de ne jamais revenir. », déplore-t-elle au sens littéral comme figuré.

Ses parents veulent à tout prix se battre pour rétablir justice et sauver l’honneur de leur fille. Freshta, quant à elle, recueille les témoignages des autres étudiants pour démêler le vrai du faux. La famille parcourt l’arrière-pays pendant des jours pour atteindre Kaboul et entrer en contact avec les instances juridiques. Ces routes que de nombreux Afghans sillonnent pour fuir la menace talibane s’avèrent extrêmement dangereuses vu la haute probabilité d’attaques. Pour ce qui est de la famille de Zahra, il faut donc redoubler de prudence et parfois cacher la caméra du cameraman.

Le gouvernement éminemment autoritaire va-t-il donner raison à cette famille désespérée ? Les mobilisations des étudiants kaboulis vont-elles changer la donne ? Ce film à la fois tendre et déchirant nous dévoile un espoir constant au sein d’un foyer déchiré où l’amour persiste malgré l’horreur d’une menace omniprésente et de bombardements parsemant l’horizon.