Kinshasa no more blues
Ils sont là. Une dizaine d’hommes noirs. Face caméra, regards caméra. Ils se balancent, frappent dans leurs mains, chantent. Litanie, pulsion lancinante : « Kinshasa, Kinshasa, ville pleine de problèmes ». Rythme lent et profond, du plus profond d’eux-mêmes. À tour de rôle, chacun se place devant les autres. Il dit en quelques mots, quelques phrases, son histoire. Rap slamé, improvisé, paroles délivrées d'un monde d'avant. Ils disent leur passé criminel."kulunas", c'est leur nom, veut dire bandits. Ils ont volé, racketté, violé. Ils ont touché aux armes et fait de la prison. Errance, délinquance, déraison. Ils disent comment ils ont rencontré le mystère, la mystique des tam-tams. Ils disent pourquoi la musique est devenue une part d'eux-mêmes, une nourriture. Aujourd'hui, ils sont en train de renaître, de se retrouver. Exorcisme et rédemption. Ils demandent et se demandent pourquoi tant de misère, tant de souffrances ? Pourquoi tant de richesses dérobées ? Gouvernement de la souffrance. Ils prennent parti. À nous de redresser le pays, réparer nos vies.
Ils sont là, ensemble, un groupe. En un plan, un seul plan, un plan séquence, une évidence. Tout est là. Tout est là qui ne demande qu'à se déployer.