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L'Atelier des cinéastes, de la Nouvelle vague à nos jours

Publié le 14/11/2012 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Livre & Publication

En trois chapitres, L'Atelier des cinéastes relate trois générations de cinéastes, de la Nouvelle Vague jusqu'a nos jours en passant par les héritiers. Une plongée dans le décolleté du septième art, sur les films devenus pérennes et les cinéastes qui espèrent que leurs films le deviennent. 
 

L'Atelier des cinéastes, de la Nouvelle vague à nos jours

1) Les détours de la fiction, de Jacques Rozier à Claire Denis.

2) La politique de Jean-Louis Comolli à Vladimir Léon.

3) Les chemins de traverse d'Alain Cavalier à Vincent Dieutre.

Des parcours exemplaires dans un cinéma loin d'avoir disparu avec le spectre des produits du "top 10". Tout l'intérêt de ce livre passionnant, est de nous expliquer les pratiques personnelles et artisanales des réalisateurs, leur manière de rêver, de penser. Le geste cinématographique comme la calligraphie du pinceau chinois sur pellicule ou numérique plutôt que sur papier. Description par les auteurs de leur bric-à-brac personnel, des usages réguliers ou irréguliers, vivant et plein d'aléas.

De ce triangle thématique autour de 31 réalisateurs, nous avons choisi quelques plans d'une séquence, celle d'Alain Cavalier.
Depuis La Rencontre en 1996, Alain Cavalier a quitté le cinéma majoritaire, grand public avec des acteurs célèbres pour un cinéma minoritaire plus modeste, plus léger, qui convient mieux à un artiste créateur et expérimentateur. Le Filmeur est un autoportrait, un film-essai, comme Montaigne écrivant ses essais chez lui, en solitaire dans sa chambre. Le cinéma envisagé aussi comme un art fait de fantômes et de spectres pour les survivants. « Dans Le Filmeur, Cavalier nous dit, j'ai filmé le corps mort de ma mère. Je n'ai toujours pas fait un travail de deuil intelligent et je le paie. »

À propos des supports : Le cinéaste travaille avec le numérique, un moyen qui permet aux cinéastes de devenir peintres ou écrivains. Cela leur permet de travailler « au coin de leur table de cuisine, qu'ils aient de l'argent ou non; le problème n'est pas là en effet : c'est avant tout de mettre un mot, un plan, une touche de peinture derrière l'autre ». Sauf, bien sûr si l'on veut filmer la guerre des Gaules ou les dix commandements. Dans ce cas, il faut entrer dans le système industriel. Mais aujourd'hui, désormais « un type de dix-sept ans peut prendre une caméra et réaliser Les Illuminations tout de suite. On est délesté. »

À propos des acteurs. Dans La Chamade (1968), son dernier film commercial, Cavalier explique qu'il a filmé la beauté de Catherine Deneuve : « Elle avait vingt-quatre ans et était magnifique. Le film tournait entièrement autour d'elle (...) j'avais eu le meilleur et je pouvais arrêter. Passer d'une grosse caméra 35 millimètres vissée à un pied à une petite caméra de rien du tout (...) être libéré. »

À propos de la musique. Elle imprime le rythme, lors du montage : « Mon éducation s'est faite avec le jazz : le rythme interne de chacun de mes films est basé sur le tempo, la batterie. Je ressens si un plan commence à descendre, s'il se maintient, ou s'il monte, s'il faut l'arrêter et pour quel autre plan. » (L'entretien a été réalisé à Paris, en 2009).

L'Atelier des cinéastes, de la Nouvelle vague à nos jours. Conversations menées par José Mourre, Gaël Pasquier et Claude Schopp, édité par Archimbaud/Klincksieck.

José Mourre à qui nous devons d'autres livres dont Plaisir du cinéma, cosigne ce livre avec Gaël Pasquier et Claude Schopp.